Il semble que l’homme de 52 ans, qui avait été appréhendé avec son
frère, Abel, le 30 décembre dernier, aurait profité de l’effondrement du
pénitencier de la capitale haïtienne lors du tremblement de terre pour
s’échapper en même temps que les 4 000 détenus que comptait
l’établissement. Dans les jours suivants, M. Victor, qui est citoyen
canadien, serait embarqué à bord de l’un des avions militaires ou
commerciaux qui rapatrient les ressortissants canadiens d’Haïti depuis
le 14 janvier, et aurait atterri à l’aéroport Pierre-Eliott-Trudeau.
Lors d’une enquête de quelques jours, RueFrontenac.com a constaté
que depuis son retour, M. Victor fait notamment la navette entre le
Buffet Cristina, situé sur la rue Jarry, dans l’arrondissement
St-Léonard, et une résidence pour personnes âgées où il travaille, sur
le Plateau-Mont-Royal.
Selon des gens de la communauté haïtienne, M. Victor aurait assisté
à la Conférence sur la reconstruction d’Haïti, qui s’est déroulée le 25
janvier au siège de l’OACI, à Montréal, en présence du premier ministre
haïtien, Jean-Max Bellerive, et des ministres des affaires extérieures
de nombreux pays et leur importante délégation. Dans la nuit du 30 au 31 janvier, les policiers de Montréal se sont
présentés chez lui après avoir reçu un appel pour une dispute. Il a été
accusé de voies de fait le lendemain.
AU TRAVERS DES MAILLES?
RueFrontenac.com a laissé des messages à l’Agence des services
frontaliers du Canada pour savoir comment M. Victor a pu regagner
Montréal, mais on ne nous a pas rappelés. Aux dernières nouvelles, seulement 100 des 4 000 détenus évadés à
Port-au-Prince ont été repris. La semaine dernière, RueFrontenac.com a
révélé que des criminels haïtiens notoires ont manifesté leur intention
de venir au Québec, en raison du chaos qui règne en Haïti.
Il est donc légitime de se demander si d’autres individus ayant
commis un crime, ou soupçonnés d’en avoir commis, ont pu passer au
travers des mailles du filet et trouver refuge au Québec depuis le
séisme du 12 janvier. À ce sujet, un porte-parole de l’Agence, Dominique McNeely, s’est
montré rassurant lors d’une entrevue générale réalisée la semaine
dernière et portant sur les mesures de sécurité mises en place depuis
Haïti.
Selon M. McNeely, tous les ressortissants qui seront rapatriés
doivent d’abord se rendre à l’ambassade canadienne à Port-au-Prince et
obtenir un visa. Ils font également l’objet d’un précontrôle effectué
par des employés de l’agence. M. McNeely a également précisé que depuis le 12 janvier, le Canada
ne refuse plus aucun ressortissant, pour des raisons humanitaires.
Notre collègue journaliste de RueFrontenac.com, Vincent Larouche,
qui s’est rendu en Haïti après le tremblement de terre, a constaté une
certaine désorganisation à l’ambassade, dans les jours suivants le séisme, et une amélioration par la suite. Il a expliqué que tout ressortissant canadien qui voulait rentrer au
pays devait présenter son passeport. Ceux et celles qui ne l’avaient
pas ou qui pouvaient l’avoir perdu dans les décombres, devaient
répondre à plusieurs questions des employés de l’ambassade qui
vérifiaient ensuite les informations reçues.
Dejean Victor et son frère Abel, 50 ans, avaient été appréhendés à
l’aéroport de Port-au-Prince le 30 décembre, alors qu’ils s’apprêtaient
à prendre un vol d’Air Transat à destination de Montréal. Ils avaient
été fouillés par les douaniers haïtiens qui ont trouvé 2,35 kilos de
cocaïne dans leurs bagages. Ils ont ensuite été accusés et incarcérés à
la prison de Port-au-Prince, en attendant la suite des procédures.
RueFrontenac.com et La Presse avaient repris la nouvelle diffusée par des médias haïtiens.
En plus d’être pdg du Buffet Cristina, Victor Dejean, qui serait
très proche d’anciens et d’actuels dirigeants du gouvernement haïtien,
posséderait au moins une résidence pour personnes âgées. Il a toujours
été bien vu dans la communauté haïtienne de Montréal, dans laquelle il
est très impliqué, notamment auprès de la Jeune Chambre de commerce.
Avant son arrestation en Haïti, il faisait face, ici au Québec, à
une accusation de fraude fiscale en vertu de la Loi sur l’accise. La
cause est toujours pendante et il doit revenir en cour le 7 juin. On ignore si le frère de M. Victor, Abel, se trouve également au Québec. M. Victor n’a pas retourné les appels de RueFrontenac.com
Source : Daniel Renaud