Devenir membre

Les deux corps repÊchÉs

Les plongeurs ont mis
plusieurs heures à remonter à la surface la voiture submergée dans les
eaux à l’ombre du pont Viau. La position des corps dans l’automobile,
le fort courant et l’eau glaciale ont compliqué le travail des
plongeurs. Les autorités ont finalement remorqué l’Acura sur la rive
vers 19 h, pour ensuite en extirper les dépouilles. Après un suspense
d’une semaine pendant laquelle s’entremêlaient angoisse et espoir, le
feuilleton entourant la disparition des apprentis pompiers Vincent
Lamoureux, 20 ans, et Hugo Pereira, 22 ans, se termine donc sur une
note funeste.

Une triste fin pour deux jeunes hommes sérieux,
sans histoire, promis à un brillant avenir, fauchés vraisemblablement
dans un bête mais tragique accident. L’oncle de Vincent Lamoureux, Réal Leboeuf, a assisté jusqu’à la fin
aux opérations. Malgré son chagrin, l’important pour lui et les siens
était de ramener les corps à la surface et d’amorcer le deuil. Il a
salué, au nom de sa famille, les nombreux efforts menés depuis une
semaine pour retrouver les disparus. « On tient à remercier les amis, la
population, les policiers, bref, tous ceux qui nous ont appuyés
là-dedans, qui ont pris part aux recherches et qui ont offert leur aide sans
qu’on leur demande », a dit M. Leboeuf, qui souhaite maintenant vivre la
suite de cette épreuve dans l’intimité.

L’enquête sur la mystérieuse disparition des deux jeunes hommes
avait connu une avancée majeure, la veille, lorsque des débris de la
voiture appartenant à Hugo Pereira ont été retrouvés à l’entrée du pont
Viau, du côté de Laval. La voiture aurait d’abord heurté un garde-fou à l’entrée du pont avant
de faire un vol plané de plusieurs mètres jusqu’à une clôture sur la
rive et de terminer sa course dans les eaux de la rivière, une centaine
de mètres plus loin. La voiture filait en direction de Montréal à très haute vitesse, selon les experts.

Le soir de leur disparition, les deux amis avaient quitté le bar Le Diable Vert,
rue Saint-Denis, vers 2 h 30 du matin. Dix minutes après, Hugo Pereira a
échangé plusieurs messages textes avec une fille qu’il avait rencontrée
ce soir-là, qu’il a ensuite invitée à venir prendre un verre chez lui. La jeune femme l’a attendu devant le bar, en vain. Hugo n’est jamais venu la retrouver. La confirmation, mercredi, qu’il s’agissait de l’Acura d’Hugo Pereira n’a
fait qu’officialiser ce que les proches appréhendaient déjà.

Les plongeurs ont par ailleurs localisé non pas un, mais deux véhicules,
mercredi, sous le pont Viau. Il n’y aurait personne dans la deuxième
voiture et les plongeurs ont concentré leur travail sur celle des
disparus. Les policiers n’avaient aucun détail sur l’autre véhicule. Il
y a fort à parier qu’il s’agisse d’une voiture volée.

Les policiers avaient, en matinée, demandé l’aide des plongeurs de la
Sûreté du Québec, qui disposent d’un sonar plus sophistiqué permettant
un ratissage des eaux en profondeur. Ces nouveaux sonars latéraux avaient été utilisés, au mois de septembre
dernier, pour repêcher un avion de type Cessna qui s’était abîmé en 1993
dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Saint-Sulpice.

Un bateau-remorqueur d’Hydro-Québec a aussi été mis à contribution pour
dévier les imposants morceaux de glace qui flottaient dans la rivière
agitée. Au cours des opérations, des amis des deux victimes s’enlaçaient en
bordure des cordons policiers. La mère d’Hugo Pereira, Fabienne
Ouellet, et son beau-père, Bernard Sauvé, contemplaient la scène loin
des caméras.

La veille, Bernard Sauvé faisait les cent pas sur la rive. « On
appréhendait déjà le pire. Ça fait une semaine qu’on ne sait pas sur
quel pied danser. Enfin, on va avoir un dénouement, on s’attendait à
ça… Ou bien c’était un crime grave, ou bien c’était ça », avait laissé
tomber Bernard Sauvé. « C’était tellement de bons petits gars, c’est ça
qui arrache le coeur », avait-il ajouté.

Tout au long de la journée, des dizaines de badauds se sont massés le
long les cordons de sécurité pour assister aux opérations. « Comme tout
le monde, j’ai été intrigué par cette histoire. C’était vraiment
mystérieux », a expliqué Charles Richardot, qui habite près de la scène.
« C’est dommage pour des jeunes comme ça. Vraiment dommage… » a-t-il
soupiré.

Source : Hugo Meunier