et Robert, constitué de 21 immeubles défraîchis et rongés par la
vermine. L’endroit est dans la mire des inspecteurs municipaux depuis
une décennie. Mercredi, la Ville de Montréal, l’arrondissement Saint-Léonard
et la Direction de la santé publique ont tiré la sonnette d’alarme,
dénonçant « un propriétaire qui a cessé de collaborer ». « On parle de moisissures, on parle de blattes, on parle de
punaises aussi », décrit Normand King, de l’Agence de la santé et des
services sociaux de Montréal.
VULNÉRABLES
« Les locataires sont vulnérables, ce sont des familles qui
vivent dans des conditions inacceptables », résume Céline Topp,
directrice des services de la mise en valeur du territoire à la Ville. Dehors, de vieux meubles décrépis jonchent les balcons et le terrain sale, ceinturé par un stationnement troué d’ornières. Un peu plus de 1100 personnes habitent ici, dans 336 logements. Des immigrants nouvellement à Montréal, pour la plupart, « qui ne
connaissent souvent pas bien leurs droits en matière d’habitation »,
ajoute Céline Topp.
AU MILIEU DES PUNAISES
Julien Yeko, récemment immigré de la Côte-d’Ivoire, est l’un d’entre eux. « Nous vivons ici depuis trois mois et nous avons dû changer de
matelas deux fois à cause des punaises », déplore-t-il, entouré de ses
quatre jeunes enfants. Sa femme présentait d’ailleurs des morsures de punaises au bras lors de l’entrevue. Le jeune père de famille mentionne que des exterminateurs se
sont présentés deux fois pour neutraliser l’infestation, mais que « les
problèmes sont revenus. Au moins, le loyer (642 $ par mois pour un 5 et demi) est raisonnable et c’est bien chauffé », dit-il pour se consoler.
Au rez-de-chaussée, Frédéric, qui affirme habiter dans le complexe depuis 32 ans, raconte n’avoir jamais vu le propriétaire. « Les problèmes à cause de l’humidité, c’est de pire en pire à chaque année », dit-il. « À l’école primaire où va ma fille, tous les enfants qui
habitent ici se plaignent des piqures de punaises », poursuit sa
conjointe, mère de trois enfants.
663 CONSTATS D’INFRACTION
Deux ans après avoir envoyé 3576 avis de non-conformité au
propriétaire, la Ville a expliqué mercredi que 52 % de ses exigences
n’ont pas été satisfaites. Le propriétaire Sagi Genger, fils du millionnaire Arie Genger,
habite d’ailleurs une luxueuse résidence de Manhattan, révélait en 2008
le Journal de Montréal.
Depuis un an, 663 constats d’infraction totalisant un
demi-million de dollars, qui concernent tous le Domaine Renaissance,
ont été envoyés à sa compagnie, 3088843 Nova Scotia Company. L’entreprise de gestion de Saint-Lambert qui s’occupe de l’immeuble n’a pas voulu donner de commentaire. Le propriétaire devra répondre des constats d’infractions en cour municipale, le 23 mars prochain.
Source : Canoë