affectueusement son amie et rappela quelques souvenirs de leur carrière
commune. Nous avons retrouvé, à 61 ans bientôt, la célèbre spécialiste
britannique de la musique ancienne, telle que nous l’avons toujours
connue au concert et au disque : souriant doucement sous son abondante
chevelure blonde, comme dans quelque tableau d’époque, et apportant une
voix petite mais claire, souple et juste à des textes et à des musiques
qui font manifestement partie de son être. L’oeuvre principale au programme était le célèbre Stabat Mater de
Pergolesi, dans l’adaptation de Bach.
Pergolesi, dont la brève existence
de 26 ans s’inscrit au milieu de celle, beaucoup plus longue, de son
illustre contemporain, reste un petit maître et l’on s’étonne que Bach
s’y soit intéressé. Il a conservé les deux voix solistes et
l’instrumentation originale, mais a remplacé le texte de Pergolesi par
celui du Psaume 51, modifié le contrepoint, changé certaines valeurs de
notes et coiffé le tout d’un nouveau titre. Détail intéressant,
Kirkby, Taylor et le TEM ont enregistré l’oeuvre au Bon-Secours en 2006,
sur un disque BIS qui vient de paraître.
Le TEM, qui est en fait un ensemble vocal et instrumental à géométrie variable, complétait son programme avec un Salve Regina,
du même Pergolesi confié à la chanteuse, un air sacré de Schütz livré
avec intériorité par Taylor, en voix lui aussi, et des pièces
instrumentales de Fontana et de Schmelzer traduites avec une savante
recherche de l’articulation baroque. DAME EMMA
KIRKBY, soprano, DANIEL TAYLOR, haute-contre, et le Theatre of Early
Music. Vendredi soir, Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Dans le cadre
du Festival Montréal en lumière.
Source : Claude Gingras