incendiaires tenus par Lucien Bouchard, mardi. L’ex-premier ministre a
alors affirmé que la souveraineté n’était pas réalisable dans un avenir
rapproché et que son ancien parti s’était radicalisé sur la question
identitaire. « Les Québécois ont déjà appuyé à près de 50 % le projet de
souveraineté, a dit Pauline Marois en marge d’une conférence qu’elle a
livrée à l’UQAM. À partir du moment où on se remet en branle vers cet
objectif, moi je crois que nous allons aller chercher l’adhésion ».
« Parce que c’est un projet qui a des racines profondes, a ajouté la
chef du Parti québécois. Un projet qui répond à des besoins profonds :
ils sont identitaires, ils sont économiques et ils sont culturels ». Mme Marois a tenu un plaidoyer pour la souveraineté de près d’une heure
devant un auditoire réuni pour le 5e colloque annuel de l’organisme
Force jeunesse. Des derniers jours, elle a préféré retenir le débat qui
a entouré la piètre place faite au français lors des cérémonies
d’ouverture des Jeux de Vancouver, se permettant une toute petite
allusion à la sortie de M. Bouchard.
« On ne peut pas dire que vous manquez de sens du timing »,
a-t-elle lancé aux organisateurs du colloque qui l’avaient invité à
parler de l’avenir du Québec. « Parce que c’est une semaine où on a
beaucoup parlé de souveraineté, particulièrement après ce qui s’est
passé à Vancouver. Je pense qu’il y avait d’autre chose aussi…», a-t-elle enchaîné, un
sourire complice aux lèvres, une référence évidente aux propos
l’ex-premier ministre. Mme Marois a souligné que la souveraineté était plus que jamais
nécessaire avec la mondialisation. Elle a notamment mentionné le déclin
du français au pays. « On constate que les francophones à travers le Canada formaient 27,7 %
de la population en 1971, a-t-elle déclaré devant l’auditoire. En 2006,
c’est la dernière donnée que j’ai, c’était plutôt 21,4 % de la
population canadienne ».
« Est-ce que je suis radicale? »
Selon le sondage Angus Reid-La Presse,
42 % des Québécois croient que le Parti québécois a radicalisé sa
position dans le dossier des accommodements raisonnables. Une thèse que
Pauline Marois a balayé d’un revers de main. « Le PQ ne s’est pas radicalisé. Le PQ a une position très équilibrée,
très respectueuse, faite de tolérance, a-t-elle expliqué. On dit qu’il
faut introduire dans la charte des droits et libertés trois valeurs,
qui serviront à interpréter les autres lois quand il y aura conflit :
l’égalité homme-femme; est-ce que je suis radicale? La séparation de
l’église et de l’État; est-ce que je suis radicale? La primauté du
français; est-ce que je suis radicale?
« Ensuite, il faut discuter d’une Charte de la laïcité pour savoir quels
sont les signes religieux qui seraient acceptables ou non dans notre
fonction publique, dans nos écoles, dans nos hôpitaux. Je pense que
c’est raisonnable d’en discuter et de faire des choix. Je ne pense pas
que c’est radical ». Cette semaine, en entrevue à La Presse, la député péquiste Louise Beaudoin a aussi tenu à clarifier la position du Parti québécois sur la question identitaire. « C’est évident, au PQ, il y a une dimension identitaire : on demande la
souveraineté du Québec, a affirmé la porte-parole de l’opposition en
matière d’immigration. Mais ce n’est pas synonyme de repli sur soi.
J’ai passé ma vie professionnelle à expliquer le Québec sur la scène
internationale. On est loin du repli identitaire ».