la souris anxieuse et les lièvres pressés. Mais il y a aussi une Alice
devenue adulte (l’actrice australienne Mia Wasikowska), affublée d’une
armure à la Jeanne d’Arc. À ses côtés, on retrouve le Chapelier Fou (Johnny Depp), un homme au
tempérament changeant qui a le temps de prendre le thé lorsqu’il y a
des monstres à décapiter, des royaumes à libérer et des guerres à mener
entre les hordes de soldats numériques en 3D.
Si vous n’aviez pas deviné, cette Alice au pays des merveilles, de Lewis
Carroll, n’est pas un reflet fidèle, mais plutôt un film produit grâce
aux plus récentes technologies numériques. Le film doit moins à l’inconscience illogique des rêves qu’à la
fabrication de chapeaux, où une seule taille peut convenir à tous. Ce n’est pas la première fois que Burton se frotte à cette façon de produire des films, La planète des singes étant un film particulièrement désastreux, mais Alice au pays des merveilles est heureusement plus réussi. Le film est plein d’esprit, enchanteur, original et personnel. Cela est évident dès la scène d’ouverture dans laquelle une jeune
Alice, qui s’inquiète d’être folle en raison de ses rêves de lapins et
de chenilles, est rassurée par son père, qui lui dit que toutes les
bonnes personnes sont folles.
Les scènes de réception en plein air ne durent que le temps de
jeter les bases de son retour dans le monde souterrain, où elle n’est
plus une étrangère dans ces curieuses terres, mais une guerrière
longtemps attendue qui, selon la prophétie, doit mettre un terme au
règne de la sadique Reine rouge (Helena Bonham Carter). Le problème, comme lui explique le Chapelier Fou, c’est qu’elle
a perdu de son « pouvoir ». Et sans lui, elle ne sera jamais capable de
tuer le redouté Jabberwocky et remettre sur le trône la Reine blanche
(Anne Hathaway). Si les aventures d’Alice lorsqu’elle était enfant consistaient
à découvrir qui elle était, alors son retour consiste à savoir qui elle
est à ses yeux et aux yeux de tous.
Pour ce qui est de Johnny Depp, il surfe allègrement sur le
frénétique personnage du Chapelier Fou, tout en suggérant une tristesse
persistante derrière ses yeux jaunes. De même, la séduisante Wasikowska vient à bout de cette
mystérieuse anarchie avec une force et une lucidité émotive, ancrant
les spectateurs dans la détresse que vit Alice dans ces deux univers.
Source : Canoe