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Une auteure montrÉalaise au salon du livre À paris

Le titre du roman, Ru, signifie « berceuse » en
vietnamien. Le mot peut aussi être traduit par l’expression « petit
ruisseau ». Cette deuxième définition colle bien au récit, en partie
autobiographique, d’une Vietnamienne qui a quitté son pays après sa
réunification en 1975. « Je ne l’ai pas fait comme une thérapie. Ma réconciliation a eu lieu
depuis longtemps déjà. En fait, c’était plutôt une grande joie que de pouvoir
écrire et Ru n’est pas seulement mon histoire à moi, mais aussi celle de tous
les Vietnamiens qui ont quitté à cette époque », assure l’auteure.

Kim Thuy est née à Saigon, en pleine guerre du Vietnam. Enfant, elle a fui,
avec les « boat people ». Elle est arrivée au Québec en 1979 et se
souvient d’avoir été reçue, dans ce qui est devenue sa nouvelle terre. « L’accueil qu’on a reçu, moi et ma famille, a fait en sorte que nous
avons pu refaire confiance à la vie, aux possibilités qui existent et que nous
n’avons plus peur de rien », a indiqué l’écrivaine, âgée de 41 ans. Celle qui a immigré au Canada à l’âge de 10 ans s’avoue quelque peu dépassée
par l’intérêt débordant à l’égard de ce premier livre. Elle confie toutefois
que ce succès lui permet de surmonter la culpabilité ressentie au moment de
l’écriture.

Ce sentiment, nourri par les longues heures passées devant l’ordinateur à
simplement écrire, « sans travailler », lui avait laissé croire non pas
qu’elle perdait son temp,s mais qu’elle ne contribuait pas à l’effort familial.
Elle a réservé d’ailleurs quelques bons mots pour son conjoint, qui lui a permis
de réaliser le rêve d’écrire. Son roman, à la fois touchant, intime et poétique, jette des ponts entre les
différentes époques de sa propre histoire. Au départ, toutefois, elle se donnait
pour simple objectif de nourrir son amour des mots et de poursuivre un effort qui
plairait sans doute à sa famille et à ses amis.

« Mon fils m’a demandé un jour pourquoi mes parents étaient venus au
Québec. Je le lui ai raconté plusieurs fois, mais je me suis dit qu’avec le temps,
ces histoires-là seront oubliées, alors pour conserver la mémoire, j’ai décidé
d’en faire un livre », explique Kim Thuy. Au terme de l’exercice, par contre, plusieurs autres Vietnamiens se sont
reconnus dans une oeuvre qui a touché encore plus de lecteurs. « Il s’agit du plus beau compliment que je reçois, lorsque des gens me
disent qu’ils s’y reconnaissent. Certains sont même venus me trouver en
m’indiquant que j’avais raconté leur histoire », mentionne-t-elle, émue. Le prix RTL-Lire est attribué chaque année, lors du Salon du livre de Paris.
Kim Thuy y participe d’ailleurs jusqu’au 31 mars.

Source : Lise Millette