reproduit artificiellement le goût de sa chair sous la forme de la fameuse
charcuterie qui porte son nom. Longtemps décrié par les fines fourchettes, le
baloné reprend ses titres de noblesse. Quand à l’animal dont on supposait qu’il
y avait deux ou trois espèces encore vivantes au Québec, on avait fini par
croire qu’il avait totalement disparu. D’ailleurs, il figure officiellement au
répertoire mondial des animaux disparus.
Eh bien, la capture de la bête réputée
féroce (on dit qu’elle a l’agressivité décuplée du sanglier en rut) met fin aux
spéculations. Alerté, le journal Métropole a immédiatement délégué une
photographe pour croquer ce haut fait d’armes animalier. Mais les autorités s’y
sont formellement opposées, le temps que des analyses soient faites en
laboratoire. On craint que l’animal rendu furieux par sa capture n’ait
développé la rage. Immédiatement, un périmètre de sécurité a été mis en place, interdisant l’accès au parc Angrignon jusqu’à nouvel ordre. Le temps d’organiser
une battue afin de s’assurer qu’aucun autre baloné ne fraie dans les parages,
question aussi de sécuriser les lieux.
UN ANIMAL À LA FOIS MONSTRUEX ET FASCINANT
Quiconque est familier du règne animal ne peut chasser
de son esprit la vision affreuse de cette bête à nulle autre pareille. C’est un
corps hirsute qui le fait ressembler au cochon, mais avec une tête rappelant une
chauve-souris. Son cuir – celui nord-américain est de couleur ocre (moutarde) le
jour et vert fougère à la tombée du jour. Sa mâchoire est puissante, constiutée
d’une double rangée de dents acérées comme des couteaux. Elles lui servent à
réduire en bouillie les vermiceaux qui composent son menu, ainsi que les
mouettes. Animal amphibien comme l’hippopotame, on croit que le baloné du parc
Angrignon a pu échapper au regard des visiteurs en se tenant sous l’eau du petit
lac qui s’y trouve et surgissant en surface que lorsqu’il est assuré de
n’apercevoir âme qui vive.
D’origine latino-américaine, le baloné de son vrai
nom latin balonus baloninum a la double qualité d’être carnivore et herbivore.
La femelle peut mettre bas par phénomène de parthénogénèse, c’est-à-dire sans le
secours du mâle. Évoluant à l’aise en milieu naturel, il est affligé d’une
agressivité sans limite au contact de l’homme. D’ailleurs, les agents de la
faune ont mis quatre heures à le poursuivre. Ce qui a facilité leur tâche, et
qui désavantage le baloné, c’est que la carapace est fluo le soir venu, ce qui le
met en situation de vulnérabilité face à ses prédateurs dont l’être humain,
friand de sa chair au goût graisseux.
Les dermatologistes honnissent cette
charcuterie dont la surconsommation peut favoriser l’acné, même à l’âge adulte.
Aussitôt la capture confirmée, le maire Gérald Tremblay en a été avisé. Selon
des proches de son cabinet, une fois la bête calmée, elle pourrait être exhibée
dans le hall d’honneur de l’hôtel de Ville et proposé à l’admiration du public.
suit l’affaire, qui a vite fait le tour de la planète. Le quotidien japonais
Asahi Shimbun en a fait sa manchette. Et on comprend cet intérêt des nippons
pour le baloné, qu’ils consomment sous sa forme synthétique.
Il pourrait se
vendre plusieurs yen le kilo, au même titre que le bœuf de Kobe. C’est le seul
ingrédient hormis les fruits de mer qui entrent dans la composition des sushis
de haut niveau. Imaginons un peu les retombée économiques au Québec, si jamais on
parvenait à cloner le baloné. Toutes les spéculations vont bon train. Les
détails dans notre édition de demain.