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Des belles-soeurs drÔles et Émouvantes, tout en finesse

Et, dès ce moment-là, tout s’envole, tout bascule. Ce qui était
pourtant un chef-d’oeuvre tragi-comique de Michel Tremblay a
soudainement l’air d’un vieux film en noir et blanc, maladroit et morne
à côté de la production lumineuse et ludique qui se déroule devant
nous. Deux pleines heures plus tard, personne ne veut admettre que ce spectacle envoûtant soit déjà terminé. Ce remake du classique de Tremblay en théâtre chanté est une
création séduisante, léchée, songée, émouvante, inspirante, souvent
drôle, plaisante à l’oeil comme à l’oreille, et qui passe comme la
brise dans les feuilles. C’est une réussite.

Tremblay sait nous faire passer du rire aux larmes; les textes de
René Richard Cyr et les arrangements de Daniel Bélanger nous font taper
des mains et du pied, en plus. Et nous laissent avec quelques
ritournelles dans la tête, dignes du palmarès de n’importe quelle
époque.

Éviter les pièges

Cette réussite est d’autant plus remarquable que les écueils et les
pièges étaient nombreux. Il fallait respecter le discours de Tremblay,
tout en évitant la nostalgie, la politique, les revendications, le
prêchi-prêcha ou la caricature. Belles-Soeurs y parvient en jouant de finesse, en respectant
le spectateur, en le laissant faire son propre bout de chemin. La
musique de Daniel Bélanger évoque les sixties, mais n’en est pas une
copie; les remarquables costumes de Mérédith Caron ont le même effet. Quatre musiciens qui jouent en direct ajoutent une texture très
riche à la pièce. Daniel Bélanger a produit une musique sympathique,
efficace, à la portée de comédiennes dont chanter n’est pas le premier
métier – et qui s’en tirent avec honneur et un enthousiasme contagieux.

Du théâtre avant tout

Marie-Thérèse Fortin est magistrale en Germaine Lauzon, Guylaine
Tremblay percutante en Rose Ouimet. René Richard Cyr a insisté pour
embaucher des comédiennes plutôt que des chanteuses, parce que « c’est
de théâtre qu’il s’agit avant tout ». Bélanger a contourné le problème
en multipliant les trios et les choeurs. Michèle Labonté, Hélène Major et
Christiane Proulx livrent toutes d’excellents solos. Belles-Soeurs a perdu la proximité, l’urgence, la colère de
l’original de Tremblay, qui date de 40 ans déjà. Mais elle en a conservé la
verve et l’émotion. Elle lui redonne un nouveau lustre, néo-rétro, un
second début dont elle avait besoin. Belles-Soeurs joue à guichets fermés au Théâtre
d’aujourd’hui, mais sera à l’affiche tout l’été au centre culturel de
Joliette. Les billets sont déjà en vente. Pas de temps à perdre…

Source : Canoë