C’est vraiment inacceptable et répugnant, lance Elinor Cohen. On
est venu ici pour profiter de la nature, mais quand on voit ce genre de
choses, ça nous enlève le goût de respirer », dénonce la dame. Jonathan McCall et Kristel Ouimet étaient assis à deux pas d’un
tas de déchets, lorsque le Journal les a rencontrés. « Ça fait plusieurs
commentaires que j’entends, quand les gens passent ici », déplore le
jeune Montréalais. « C’est pas très propre et c’est déplaisant à
regarder », ajoute sa copine.
DES DÉCHETS PARTOUT
Les milliers de citoyens et touristes qui avaient décidé de
passer la journée du lundi de Pâques sur le mont Royal, hier, devaient redoubler
d’imagination pour disposer de leurs déchets. En début d’après-midi, la
quasi-totalité des poubelles du site débordait et de nombreux détritus
avaient été emportés par le vent. Des enfants s’amusaient au travers des piles d’ordures et les
piétons et cyclistes devaient contourner des poubelles trop pleines.
Même les automobilistes qui voulaient défrayer leurs droits de
stationnement devaient enjamber un tas de déchets avant d’accéder à la
borne de paiement.
Le porte-parole du maire de Montréal, Bernard Larin, s’est dit
« convaincu » que la situation était « reliée au conflit de travail » avec
les cols bleus, qui ont entrepris une « grève illimitée de temps
supplémentaire », le 26 mars. Le directeur des relations professionnelles de la Ville,
Jean-Yves Hinse, voit aussi « un lien direct » avec ces moyens de
pression. Puisque la collecte des ordures à Pâques aurait nécessité du
temps supplémentaire, les cols bleus ont tout bonnement refusé d’en
faire, selon lui. « Il y a généralement des équipes régulières, mentionne-t-il,
mais s’il y a eu un achalandage important sur le mont Royal, avec les
températures qu’on a connues, c’est clair qu’on se retrouve avec des
situations semblables ».
POPULATION « EN OTAGE »
Jean-Yves Hinse souligne que « le syndicat a toujours prétendu que
le ramassage des ordures n’est pas un service essentiel ». « Malgré le fait qu’ils ont dit que la population ne serait pas
prise en otage, [c’est le contraire qui se produit] », opine-t-il. Le Journal de Montréal s’est adressé à l’arrondissement
Plateau-Mont-Royal pour savoir à quel moment les déchets seraient
ramassés. Mais les élus de Projet Montréal, habituellement sensibles aux
enjeux environnementaux, ont refusé de répondre à nos questions. En fin
de soirée, hier, le Syndicat des cols bleus n’avait pas donné suite à
notre demande d’entrevue.
Source : Sébastien Ménard