Devenir membre

Le dollar atteint la paritÉ

Le huard a atteint cette marque à 6 h 51 hier matin, à Toronto. Il a terminé
la séance à 99,88 cents US, une hausse de 16 centièmes pour la journée. En septembre 2007, la parité était atteinte pour la première fois en
trois décennies. La devise est redescendue jusqu’à 77 cents US à la
mi-octobre, sous le poids de la crise financière et de la récession. La
demande pour les matières premières, un élément important de l’économie
canadienne, fléchissait. Les économistes soutiennent que le huard se maintiendra, cette fois.

« Dans l’ensemble, nous serons au-dessus du niveau de parité pendant un
bon moment », déclare Doug Porter, économiste en chef de BMO Capital Markets, « nous entrons dans une nouvelle ère du dollar canadien ». Cette nouvelle montée est attribuable à la hausse des prix du pétrole et
des matières premières, attisée par la confiance des économies mondiales
qu’une reprise arrivera plus tôt que prévu. Riche en ressources naturelles, l’économie canadienne est perçue comme
une des plus fortes du monde industrialisé, avec des gains de 5 % au
quatrième trimestre. Ce fort taux de croissance, avec des signes
d’inflation dépassant l’objectif de 2 % de la banque centrale, signale
une augmentation des taux d’intérêt au cours des prochains mois.


UNE OCCASION À SAISIR

La vigueur du dollar canadien peut faire des gagnants et des perdants mais
cette fois-ci, les exportateurs sont placés pour saisir une occasion. Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec,
le pense. « Nous sortons de récession, nous n’avons plus de taxe sur le
capital et il y a l’intention d’investir. Ça devrait aller pour les
prochaines années ».
Contrairement à la surprise de 2007, les entrepreneurs sont maintenant
habitués de vivre avec un dollar fort. Si les États-Unis ont déjà
représenté plus de 80 % des exportations québécoises, la proportion est
maintenant de 72 %.

« Là où le bât blesse, c’est que nous sommes moins productifs que
l’économie américaine, avoue Simon Prévost. Produire un bien au Québec
est 20 % plus cher. Quand je veux le vendre aux États-Unis et que je me
bats contre un concurrent local, il peut le vendre moins cher que moi.
Pendant des années, comme Québécois, j’avais une devise très faible qui
compensait. Maintenant, ce n’est plus le cas ». Selon M. Prévost, la productivité ne veut pas automatiquement dire être
moins généreux avec les employés. « Plus on est productif, plus on peut
donner des salaires intéressants. Il se pourrait que quand on
investirait dans de la machinerie robotisée, on perdrait des emplois ici
et là. Mais un élément de la productivité est le capital humain ». Guy Phaneuf, directeur des instruments de dette chez le courtier BMO
Nesbitt Burns, voit dans la situation actuelle un facteur antiinflation. « Beaucoup de gens iront aux États-Unis pour faire des achats, prédit-il.
Cela va créer une pression sur les détaillants canadiens, pour
réajuster leurs prix rapidement, pour que les consommateurs n’aillent
pas aux États-Unis ».

Certaines compagnies, comme Porsche, ont déjà commencé à en faire
bénéficier les consommateurs. Porsche a annoncé lundi qu’elle réduisait
le prix de ses véhicules de 4000 $ jusqu’à 10 500 $. Qui dit une inflation mieux contrôlée veut aussi dire une banque
centrale moins agressive avec les hausses de taux d’intérêt. « La Banque du Canada sera sûrement influencée, ajoute M. Phaneuf. Tout
le monde pensait que la parité arriverait. Nous croyons que ça ira
jusqu’à 1,05 $ et la parité durera jusqu’à la fin de l’année. On devrait
voir les taux en hausse, mais d’une façon moins draconienne ».

Source : QMI