Roger Tabra, écrivain et auteur de chansons. Personne ne répond.
Peut-être que la sonnette ne fonctionne pas. Nous frappons à la porte.
Roger Tabra, vêtu de son pyjama et à moitié endormi, nous ouvre,
surpris de voir devant lui un photographe et un journaliste : « Je ne
savais pas que j’avais une entrevue ce matin. Entrez. Je me suis couché
à 10 h. Je suis en train d’écrire des chansons pour Éric Lapointe », mentionne-il ,pour nous expliquer pourquoi il était encore couché.
Il enfile
rapidement un pantalon et une chemise, se laisse prendre en photo et,
pendant plus d’une heure, une bière à la main (une .5, puisqu’il ne boit
plus d’alcool depuis deux ans), il répondra à toutes les questions, sans
en éviter une seule. Roger Tabra vient de publier sa biographie, La folitude,
aux éditions Michel Brûlé. Il ne s’agit pas vraiment d’une biographie,
mais de l’évocation d’un moment précis de sa vie, c’est-à-dire quand la
femme qu’il aimait l’a laissé et est partie avec leur fils, qui n’avait
pas encore un an. Curieusement, ce livre a été écrit en 1999, en moins
de trois mois : « Moi, je suis un autodidacte. Après mes études
primaires, je suis allé travailler en usine. En 1984, alors que je me
trouvais en Normandie, j’ai commencé à écrire un journal. Je n’avais
jamais écrit de ma vie. Je lisais beaucoup et je rêvais d’écrire un
jour.
Puis, quand cette femme m’a quitté pour un de mes amis, j’ai écrit non
pas l’histoire de cette rupture, mais ce que je vivais à ce moment.
L’an passé, une copine de Michel Brûlé est venue à la maison et a vu
sur la table le texte dans lequel il y avait des extraits de mon vieux
journal de 1984 et aussi ce que j’avais écrit en 1999. Moi, je n’ai
rien à cacher, tout le monde peut voir ce que je fais. Cette fille m’a
demandé si elle pouvait emporter le manuscrit. Elle est revenue
quelques semaines plus tard me dire que Michel Brûlé était intéressé à
le publier. J’avais besoin de 1000 $ pour payer mon loyer, alors j’ai
donné le OK ».
« J’ai coupé les passages où Éric Lapointe apparaissait » — Roger Tabra
Tabra a aussi fait un grand ménage dans son livre de plus de 300
pages : « Pour éviter les poursuites et pour protéger mes amis, je n’ai
pas mis leur vrai nom. J’ai aussi enlevé tous les passages où des gens
comme Éric Lapointe et Dan Bigras, pour qui j’ai écrit des chansons,
apparaissaient. Comme ils sont connus, je ne me donnais pas le droit de
parler de leur vie privée. Mon livre aurait pu faire 500 ou 600 pages.
J’ai fait un gros ménage! » Alcool, drogue, amours déchues, cette folitude est
derrière lui. À 61 ans, bien qu’il soit atteint de cirrhose du foie et
de diabète, il est toujours aussi prolifique et toujours à la recherche
de l’amour : « Aujourd’hui, c’est toutefois différent, parce que j’ai
l’amour dans les yeux de mon fils de 12 ans, Leny ». Roger Tabra sera
toujours un vieux bourru au cœur tendre.
La folitude est présentement en vente dans toutes les librairies.