Traitement chic au newtown

À ma première visite, peu de temps après leur prise en charge, il était évident qu’une période de rodage était nécessaire.  À mon retour tout dernièrement, il y avait une différence remarquable, dès notre entrée en salle, au niveau de l’ambiance ainsi que de l’accueil professionnel de Louise, la maître d’hôtel d’expérience mûre.  Très bonne entrée de jeu!  Nous avons immédiatement repéré la sommelière, Marie-Josée Beaudoin, par son coup de patin quand elle se déplace dans la salle à manger. 

Le restaurant n’était toujours pas à pleine capacité, tout comme à notre dernière visite.  Quand nous nous sommes informés du progrès de la popularité du resto, on nous répond que tout allait bien grâce à la publicité générée par les diverses critiques.  Je me suis immédiatement questionnée sur ce qui se passait avec le bouche à oreille.  Cette fois-ci, nous étions heureux de voir la sommelière entièrement consacrée à son art, qu’elle possède bien, et non affairée à assurer le service dans la salle à dîner, quoique son attention est vouée en tout temps sur le plaisir et la satisfaction de la clientèle.

Parlant service, le seul bémol de la soirée était l’attitude du serveur, qui a radicalement changé à la fin du service; je m’explique un peu plus loin. Nous avons commencé avec l’apéro, qui était un mousseux Blanc de Blanc de la vallée de Mendoza en importation privée.  Bravo Marie-Josée!  Quel délice … des bulles fines à souhait et un équilibre qui en a fait notre vin de choix pour notre entrée de saumon mariné et poêlé avec betteraves jaunes, céleri et vinaigrette orange et safran. Une combinaison parfaite du genre gravlax et poisson légèrement poêlé pour en conserver sa couleur, ce qui le rendait tendre et doux. 

Il n’y avait rien d’agressif à ce plat.  Toutes les saveurs étaient en subtilité avec un bon mariage de composantes.  C’était un départ respectable à notre soirée de dégustation. Pour le plat principal, mon choix s’est arrêté sur la pintade de la petite campagne, servie avec une purée d’oignons caramélisés, pommes et choux de Bruxelles.  Mon époux avait choisi le short-rib avec les topinambours, pieds bleus et jus de viande aux écorces de mandarine.  La cuisson de la pintade était parfaite, mais le tendre morceau de chair pâle perdait un peu de son charme à cause de la médiocrité des accompagnements. 

Ce qui a vraiment gâché la sauce, pour moi, c’était que l’assiette de short-rib de mon époux n’était pas comestible, parce que la texture de la viande manquait de consistance et la combinaison des saveurs n’était pas convaincante.  L’assiette a donc été retournée à la cuisine à notre grand désarroi.  Nous avons donc passé l’éponge sur la bouffe, ayant été bien conseillés en vin.  Nous avons savouré un Sangiovese,  McLaren Vale 2007, jusqu’à la dernière goutte, avant de commander le dessert.  

Depuis ma décision prise sur notre rendez-vous au Newtown, je me remémorais le pot-de-crème de la dernière visite, qui n’en tenait qu’au géni de Patrice Demers, et j’avais très hâte de revisiter l’expérience.  Je suis malheureusement restée un peu sur mon appétit, car le facteur WOW n’y était plus.  L’expérience ne se classe pas dans la catégorie « déception totale » à cause du traitement chic que nous avons reçu de la part des restaurateurs pour compenser pour le plat manqué.

Seulement, l’attitude du serveur, inapte à faire face aux objections des clients, a été choquante. Malgré tout, je demeure convaincue que les deux jeunes chefs ont le talent nécessaire pour les catapulter aux premières loges des grands chefs de la métropole.  Ils font preuve de créativité et d’ingéniosité dans l’inspiration des plats, du début à la finale.  Tout se distingue par la fraîcheur des ingrédients autant que l’originalité du menu qui est bref, donc qui dénote une attention concentrée à chaque item.

Est-ce que le Newtown pourra éventuellement changer la perception de sa vocation passée pour entrer dans un nouveau millénaire bouffe, profondément ressentie par ses deux chefs? Auront-ils la capacité et la patience d’attendre que le stigmate du bar de renommé se transforme? Seule la constante de la cuisine le dira, au fil du temps.
      
Ma cote : 3/$$$

Tripant : le service, qui est d’ordre impérial, et les vins choisis par Marie-Josée Beaudoin

Moche : l’absence d’une aura digne d’un grand resto   

Jusqu’à la prochaine, mangez bien!

Ma classification est basée sur un regroupement d’éléments : qualité de la nourriture, goût, présentation, ambiance, service, sélection de vins et le rapport qualité/prix