Devenir membre

80 m$ pour 11 stations de radio

Onze stations font l’objet
de la transaction, dont celles de CKOI à Montréal, Québec et Sherbrooke, le
98,5 FM, CKAC Sports et Q92.5 à Montréal, CIME FM à Saint-Jérôme, ainsi que les
antennes du réseau Souvenirs Garantis de Québec, Gatineau, Sherbrooke et Trois-Rivières.
Corus a fermé les stations montréalaises Info 690 et 940 Greatest Hits en
janvier. Cogeco a levé le nez sur la
station Souvenirs Garantis de Saguenay, qui reste à vendre. L’entreprise
montréalaise possède déjà le réseau Rythme FM à Montréal, Québec,
Trois-Rivières et Sherbrooke, de même que le FM 93 de Québec.

« Corus Entertainment a
pris la décision stratégique de se départir de ses stations de radio Corus
Québec et de se concentrer sur les marques de notre division Télévision et nos
stations de radio de l’Ontario et de l’Ouest canadien », a déclaré le
président et chef de la direction de l’entreprise torontoise, John Cassaday. « Corus exploite des
stations de radio au Québec depuis 10 ans et malgré des investissements de
plusieurs millions de dollars dans leur contenu et leurs installations, sans
compter le recours à divers formats de diffusion, nous n’avons pas réussi à
générer des rendements adéquats pour nos actionnaires », a admis M.
Cassaday au cours d’une téléconférence avec les analystes financiers.

« Même si l’équipe de
direction de Corus Québec a redressé la situation […] et amélioré la marge
bénéficiaire à 11 % (depuis le début septembre), nous n’entrevoyons pas
des rendements adéquats dans le contexte économique et réglementaire actuel, ni
dans l’avenir prévisible », a-t-il expliqué, en faisant allusion aux
restrictions imposées à la propriété d’un certain nombre de stations par un
seul groupe. Au cours de l’exercice qui
a pris fin le 31 août 2009, la marge de la division radio de Corus a atteint 23 %, mais en excluant les stations québécoises, elle s’élevait à 30 %, soit dans le bas de la fourchette cible que s’est fixée l’entreprise.

À l’échelle du pays, les
stations de langue française sont généralement moins rentables que celles de
langue anglaise, indiquent des chiffres compilés par le Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Cet écart
s’expliquerait notamment par la plus grande importance, au Québec, du contenu
local.

CONSOLIDATION NÉCESSAIRE

Corus a eu du mal à faire
concurrence au numéro un du secteur tant au Québec qu’au Canada, Astral Media
(TSX:ACM.A), en dépit du fait qu’il avait déjà uni ses forces de ventes
publicitaires au Québec avec Cogeco. John Cassaday a révélé
vendredi qu’il avait discuté de différentes possibilités d’affaires prometteuses avec le grand
patron de Cogeco, Louis Audet, mais que celles-ci auraient toutes violé les
règles en vigueur. « Nous avons finalement
conclu qu’il fallait qu’il y ait moins de propriétaires et qu’un des joueurs
devait prendre du muscle pour pouvoir représenter un concurrent viable »,
a-t-il souligné.

« En toute franchise,
je pense que [Cogeco], compte tenu de ses racines québécoises et du fait qu’il
possède d’autres actifs au Québec, était un joueur plus logique », a ajouté
le dirigeant. Corus n’a pas cherché d’autres acquéreurs pour les 11 stations,
dont la valeur comptable atteint 75 M$. « Les stations de radio
de Corus s’arriment très bien avec celles de Cogeco, a estimé M. Audet. […]
Selon notre expérience et nos critères d’évaluation rigoureux, nous croyons que
ces stations témoignent d’un beau potentiel de croissance ».

Claude Hébert, président du
Syndicat général de la radio (FNC-CSN), qui représente les employés de CKAC, de
CKOI et du 98,5 FM, a bien accueilli la transaction. « Avoir un propriétaire
québécois qui comprend la radio québécoise, […] ça nous rassure et ça nous
intéresse beaucoup », a-t-il affirmé, en qualifiant la gestion de Corus de « comptable ». L’analyste Drew McReynolds,
de RBC Marchés des capitaux, a fait remarquer que le prix payé par Cogeco
équivaut à 27,6 fois le bénéfice d’exploitation des 12 derniers mois de Corus
Québec (2,9 M$), alors que le ratio moyen des dix dernières années,
pour des transactions dans le secteur de la radio, n’a été que de 13,5 fois.

Dans un rapport, M.
McReynolds a toutefois précisé qu’en utilisant le bénéfice d’exploitation de 7
à 8 M$ prévu pour l’exercice en cours, on en arrive à un multiple « plus raisonnable » de 10 à 11,4 fois, sans compter les synergies que
pourrait dégager Cogeco. Des banques canadiennes ont
consenti à Cogeco de nouveaux prêts totalisant 100 M$, dont une partie
servira à financer l’acquisition. La transaction, assujettie à l’approbation
des autorités réglementaires, devrait être bouclée d’ici la fin de l’année.

Il faudra voir comment le
CRTC et le Bureau de la concurrence réagiront. En vertu des règles, une entreprise
peut posséder, dans les marchés comptant moins de huit stations commerciales
dans une langue donnée, jusqu’à trois stations dans cette langue, dont deux
stations au plus dans la même bande de fréquences (FM ou AM). Dans les marchés où l’on
trouve plus de huit stations commerciales dans une langue donnée, un groupe
peut contrôler jusqu’à deux stations AM et deux stations FM dans cette langue.

L’action de Cogeco a gagné
3,3 % pour clôturer à 29,64 $ vendredi, tandis que celle de Corus a terminé
la séance à 20,45 $, en baisse d’un cent, à la Bourse de Toronto.