peut-être déjà Mélodie Nelson; son blogue, qui porte son nom et
raconte les facéties et les fantasmes d’une jeune femme délurée et un
rien cochonne, accuse plus de 2 000 visites par jour. Son éditeur, Stéphane Berthelet,
en était. « Il m’a proposé
de m’aider à transformer ce
blogue en véritable projet littéraire »,
dit la jeune femme de 25 ans. « Je suis parfaitement à l’aise
de dire que j’ai été une
escorte », avoue celle qui a pratiqué
cette variation du plus
vieux métier du monde pendant
deux ans (elle a pris sa
retraite il y a quatre ans, après
être devenue amoureuse d’un
de ses clients).
« Mais je n’avais
pas forcément l’intention de raconter
tout ça dans un livre ». Son éditeur l’a convaincue
des valeurs littéraires de
l’entreprise, raconte-t-elle. Les Roméos du jeudi soir,
les dentistes volages, les comptables
coquins et autres clients
fugaces n’ont rien à craindre :
Mélodie Nelson ne donne pas
de noms. Elle n’est pas une
féministe ni une moraliste, et
encore moins une naufragée de
l’amour (« Le sexe est un besoin
essentiel. Heureusement, pour
ceux qui en manquent, il y a
des prostituées »).
Mettre les pendules à l’heure
Elle se présente plutôt comme
une brave fille sans problèmes,
qui aime acheter des vêtements,
boire des Cosmopolitans dans
des bars branchés et suivre des
séries-télé américaines. Devenir
escorte, dit-elle, « fut ma meilleure
décision ». Mais encore : pourquoi en
faire un livre? Pour mettre les
pendules à l’heure. « Il y a des
problèmes reliés à la prostitution
de rue, et il faut en parler,
mais ce n’est pas l’expérience
de tout le monde », dit-elle.
« Mais on entend rarement parler
de ce qui n’est pas noir, des
expériences plus positives dans
l’industrie du sexe ».
Elle avait des craintes avant
de se lancer. « J’étais sûre qu’un
jour, je serais victime d’un
client qui me menacerait, ou
que j’aurais des ennuis avec les
gens qui contrôlent l’agence.
Mais, pas du tout, je n’ai pas eu
de problèmes. Il y a des clients que je n’ai
pas aimés, des hommes avec qui j’étais
moins à l’aise. Mais je vois la prostitution
comme une commercialisation de services,
et comme avec tous les autres services à la
clientèle, il y a des clients qui sont moins
plaisants ». Mais elle ne va pas dénoncer
le type d’hommes qui embauchent
des prostituées. « Ils
m’ont fait vivre pendant deux
très bonnes années… »
Source : Canoë