Le rapport de Hatch Mott Macdonald est
d’ailleurs clair sur ce point : l’entreprise espagnole CAF répond aux exigences
de l’avis international lancé il y a quelques semaines. Et même si Bombardier a
effectué un lobby intensif, le gouvernement du Québec ne devrait pas s’opposer
à ce rebrassage de cartes. Selon plusieurs sources, le président du
conseil d’administration Michel Labrecque serait favorable à un retour en appel
d’offres. Il devrait en faire l’annonce dans les prochains jours, possiblement
la semaine prochaine, nous ont confié des personnes dignes de foi.
Cette décision va faire en sorte de repousser
la livraison des premiers trains d’au moins un an. Certains spécialistes
croient que cela pourrait même provoquer un retard de deux ans. Un nouveau
délai qui risque fort de déplaire aux usagers qui utilisent déjà les plus vieux
wagons du monde. La semaine dernière, le quotidien La Presse
avait d’ailleurs rapporté que les coûts annuels d’entretien avaient augmenté de
34 % en cinq ans. La STM avait toutefois justifié ces dépenses en raison du
nouveau tronçon du métro vers Laval et par l’augmentation du nombre de
kilométrages parcourus.
BOMBARDIER GARDE ESPOIR
Cette situation déplaît évidemment fortement
à Bombardier, qui est en communication intensive avec Québec depuis plusieurs
semaines. En coulisses, on souffle que la multinationale a encore espoir de
convaincre le gouvernement, qui a aussi son mot à dire dans le processus. Selon toutes vraisemblances, Québec n’ira pas
à l’encontre de la STM, selon une source ministérielle. La société voudrait
éviter une poursuite du groupe espagnol, qui a déjà brandi ce spectre.
Mais rien
n’indique que la société pourra se défiler de cette fâcheuse position même si
elle retourne en appel d’offres. Sans l’évoquer directement, le consortium
Bombardier-Alstom pourrait lui aussi poursuivre la STM. Dans leur lettre
envoyée au premier ministre du Québec Jean Charest et plusieurs ministres dont
celui des Finances Raymond Bachand et celle des Transports Julie Boulet, le
tandem avait été très clair sur les conséquences d’une telle avenue.
« De tels délais, au-delà des conséquences
désastreuses pour la STM et pour ses usagers, porteraient des préjudices
considérables au Consortium et mettraient en danger le maintien de l’emploi et
de l’expertise de pointe dans nos sites et ceux de nos fournisseurs au Québec »,
était-il écrit dans une communication le 3 mai dernier. Bombardier avait également martelé que CAF
n’a pas les qualifications nécessaires pour accomplir le contrat du métro de
Montréal. L’entreprise croit notamment que l’espagnole ne pourra pas livrer à
temps les wagons et qu’elle n’a pas la structure nécessaire au Québec pour
accomplir la besogne.
AUCUNE DÉCISION DE PRISE
La STM a voulu réagir à cette nouvelle
information. La porte-parole Odile Paradis a souligné qu’« aucune décision n’a
été prise à l’heure actuelle et qu’il s’agit d’une information non fondée ». Du côté du ministère des Transports, la
porte-parole de la ministre Jolianne Pronovost a indiqué qu’elle ne commentait
pas « les spéculations » entourant le dossier. Ce nouveau retard fait également en sorte de
créer beaucoup d’inquiétudes du côté de l’usine de La Pocatière, qui plancherait
sur les wagons du métro montréalais.
Au début de la semaine, le président du
syndicat des employés nous avait confié « sa grande inquiétude » face à la
situation. Le feuilleton du métro de Montréal a été jugé
« grotesque » par une de nos sources bien informées. Au départ, le contrat avait
été accordé de gré à gré à Bombardier en 2006, avant que la Québécoise forme un
consortium avec Alstom en 2008. Durant plusieurs mois, le consortium s’était
disputé sur le prix du contrat avec la STM, qui est maintenant évalué à 3,4 G$
avec l’ajout des nouveaux trains.
Le contrat vise maintenant le remplacement de
765 wagons. Quelques spécialistes croient qu’un retour en
appel d’offres fera en sorte de faire baisser ce prix de 15 à 20 %. Une
interprétation qui est toutefois contestée par le consortium Bombardier-Alstom,
qui a toujours affirmé être prêt dès maintenant à plancher sur le contrat.
Source : Canoë Argent