Nous sommes le mercredi 19 mai autour de 17 h 30.
L’agent immobilier Michel Bisson rentre du travail et gare sa voiture devant
chez lui, à l’angle de la 4e Rue et de la rue Édouard, dans
l’arrondissement LaSalle. Pour voir s’il recule adéquatement, il va détacher sa
ceinture de sécurité pour mieux pouvoir se retourner. Mal lui en prend. Au
moment où il est en marche arrière, ceinture défaite, une patrouille de
policiers en vélo, trois exactement, s’amène. L’un deux, une policière, lui fait
remarquer qu’il est en infraction, car roulant sans sa ceinture de sécurité
attachée.
Et l’autre de faire remarquer qu’il est devant chez lui, en quasi
immobilisation. Il a beau rappeler que c’est un important payeur de taxes (le
monsieur a un bon portefeuille immobilier) et que la police devrait davantage
voir à protéger notamment les immeubles des vandales qui font des graffitis
partout. Rien n’y fait, la constable lui signifie qu’une contravention lui
parviendra par la poste. Immédiatement avisés par Michel Bisson de ce qui venait de
se passer, nous avons contacté sans plus tarder l’officier en charge du poste
13, le sergent Jacques Desmarais.
Compatissant, l’officier reconnaît que sa
collègue a appliqué « by the book » le règlement. Qui ne touche pas spécifiquement
l’acte de garer, car rien ne l’indique dans le code de la route. Toutefois, il
croit que sa collègue a tout simplement interprété cette disposition de la
loi, qui veuille que tout conducteur doit avoir sa ceinture attachée à partir
du moment où le véhicule est en marche. Nous sommes ici dans le merveilleux
monde de l’interprétation. Le sergent reconnaît que la démarche de contester la
contravention est plutôt embêtante. Mais il se dit impuissant, l’acte répressif
est posé, on doit faire avec.
On frappe ceux qui sont en moyen de payer
Ce petit fait en apparence anodin soulève une
pratique détestable chez les policiers. À savoir qu’on appliquera avec toute la
rigueur voulue le code pénal auprès de ceux qui ont l’apparence de pouvoir
payer. Michel Bisson, dans le cas présent, représentait un gibier de choix, puisqu’il
roule habituellement dans des voitures assez haut de gamme. Ce qui me rappelle une
anecdote vérifiée ailleurs que dans le cas des insolvables, on les laisse tout
faire. Un exemple vous éclairera. C’était il y a quelques mois dans le Village.
Un itinérant complètement givré circule et arrache tous les plants dans les
bacs fraîchement aménagés par la Ville de Montréal. Choqué par ce qu’il venait
de voir, le signataire de ces lignes a averti prestement les policiers de ce
qui se passait. Quand ceux-ci sont arrivés, ils ont immédiatement mis la main
au collet du pauvre type imbibé d’alcool et quelles autres substances. Après
l’avoir semoncé quelque peu, ils l’ont laissé repartir. Sans amende… J’ai fait la
remarque au policier.
Si c’était moi, en complet cravate, qui avait commis le
même geste, vous m’en auriez collé toute une. Le policier a haussé les épaules
en souriant, reconnaissant de ce fait que j’avais raison. Morale de l’histoire,
n’affichez pas trop votre aisance, car l’interprétation de la loi va frapper
plus fort si vous offrez des gages de solvabilité. Pour ce qui est du cas
Bisson, nous allons suivre pour vous ce dossier de contestation en cour
municipale. On verra alors si celle-ci sait plus nuancer la loi qu’une
policière en mal d’autorité.