Louis-Joseph Papineau a bataillé pour des principes politiques et pour exiger une révision en profondeur des règles parlementaires. Ses idées, jugées radicales, lui ont valu d’avoir sa tête mise à prix et il s’est exilé temporairement le temps que les tensions politiques se calment. « Papineau luttait pour la démocratie, mais il n’avait pas l’arme puissante que nous avons aujourd’hui », a commenté Gilles Duceppe, qui tient les rênes de la seule formation souverainiste à Ottawa.
Alors qu’est célébrée la Journée nationale des Patriotes, Gilles Duceppe tient à rappeler que les 92 résolutions rédigées en grande partie par Louis-Joseph Papineau en 1834, était un projet considérable. Parmi les grandes demandes qui y sont présentées on retrouve une idée qui est très près de ce que réclament toujours les partis nationalistes: la protection de la langue française.
« Papineau a aussi voulu redéfinir les relations avec les Premières nations et avancer des pratiques d’un gouvernement responsable. Il a présenté un projet remarquable, mis à part pour la question des femmes, mais il faut se rapporter à l’époque de 1837. Heureusement, les choses ont évolué », a concédé M. Duceppe. Force est d’admettre que Louis-Joseph Papineau ne faisait pas particulièrement preuve d’ouverture à l’égard des femmes. Sa mysoginie est rapportée par plusieurs historiens.
Cette année, le rappel de la lutte des patriotes est célébré avec en toile de fond les 20 ans de l’échec du premier référendum de 1980, porté par René Lévesque. Gilles Duceppe refuse d’y voir un élément qui ternira la commémoration des actions nationalistes. « Ce sont des moments d’histoire qu’on ne peut nier. En 1966, Pierre Bourgault alors à la tête du RIN avait pour slogan « On est capable ». C »était bien avant le « Yes we can » contemporain! Le Canada n’est pas un goulag et l’idée souverainiste est une lutte fondamentalement démocratique, qui se poursuit et qui réussira », a avancé le leader bloquiste.
Il a voulu souligner qu’en 1976, feu Pierre-Elliot Trudeau avait lancé que le séparatisme était mort au Québec. Quelques mois plus tard, le Parti québéois de René Lévesque a été élu. « On a déjà vu mieux comme prophète », s’est contenté de laisser tomber Gilles Duceppe. Il a ensuite avancé qu’une des leçons qu’il retient est que parfois, des décennies ne valent pas une journée et qu’à l’inverse, certaines heures viendront influencer le cours de l’histoire. « L’heure où le mur de Berlin s’est écroulé a compté pour plusieurs décennies. Pour que cette heure arrive, il aura fallu que plusieurs gens travaillent pendant des années, sans quoi, la chose aurait été impossible. Nous travaillons aussi très fort », a-t-il conclu.