Hier avait lieu à Montréal l’assemblée annuelle d’Air
Canada. Le conseil d’administration de la société a présenté aux actionnaires
le bilan de l’année précédente. Ainsi on affiche un déficit de 316 M$. De quoi
effrayer tout actionnaire consciencieux. Mais non! Les cocos ont voté dans une
proportion de 82 % les substantielles augmentations de rétributions diverses
des hauts dirigeants. C’est ainsi qu’Air Canada a augmenté le nombre d’actions
pour récompenser ses cadres supérieurs. Les actions de bonifications sont
passées de 3,1 millions à 19,5 millions…
Les six plus hauts salariés se
partageront à eux seuls 8,4 M$! Le président et chef de la direction, Calin
Ravinescu, rafle une rémunération globale de 2,58 M$. Et le président du
conseil d’administration, David Richardson, touche un salaire annuel de plus de
300 000 $! C’en était trop pour le président du conseil d’administration
des pilotes d’Air Canada, David Richardson, qui a pris le micro pour dénoncer
le très mauvais message que la compagnie renvoie au public et aux employés.
Il
a rappelé que les beaux cadeaux qu’ils se sont votés contreviennent à un accord
sur le gel des salaires prévu jusqu’en mars 2011 pour tout salarié et cadre
inclusivement. Il s’est fait répondre par David Richardson avec un certain
cynisme, que l’accord en question fait référence au gel de salaire mais que
rien n’interdit de distribuer des bonis sous forme d’actions. Une vue de
l’esprit quoi!
À l’issue de l’assemblée, un reporter de TVA a apostrophé Calin
Ravinescu, lui posant la question qui tue, comme dirait Guy A. Lepage, à savoir
s’il se sentait à l’aise avec le très gros salaire du président du conseil, au
moment où la compagnie est dans une telle difficulté financière. Calin
Ravinescu, outré, a détourné le regard, ne voulant pas répondre à une question
si grossière. Il a été sauvé par un relationniste qui a mis fin abruptement à
toute possibilité d’aller plus loin. Pendant ce temps, l’action d’Air Canada à
la Bourse de Toronto a clôturé à 1,85$, en baisse de 1,6%.