Dans ce Québec rongé par l’immobilisme et la
morosité, la présence de Mado est comme une bouée de sauvetage. Quand Mado
parle, c’est comme qui dirait, dans le casque. Elle n’a pas besoin de sondeurs
pour lui recommander quoi dire. On l’a réalisé encore une fois au cours de ses
enchaînements entre les pièces choisies, qu’elle a livrée hilare, entourée par
un quatuor de danseurs. Le public présent a croulé de rire. Mado assume sa
kétainerie à fond en précisant qu’on a tous un côté kétaine en chacun de nous
et qu’il ne faut pas avoir honte de l’assumer.
Le disque, Full Mado, c’est du
kitsch à la puissance mille. Une véritable salade musicale, qui regroupe des
immortelles comme « Call girl » bien connue dans la version de
Nanette; « L’amour est dans l’air » (Love is in the air);
« Téléphone mon bijou » de Plastic Bertrand; Le rap de Mini-Fée. Bref
vous voyez le genre. Qui ne tournera assurément jamais à Espace musique à
Radio-Canada, ni à Radio Ville-Marie. Mais ce n’est pas ce qui va angoisser
notre Mado nationale. Mado est salutaire pour qui veut garder son
équilibre dans un monde de fou. Et son fou, elle le lâche à plein.
Pour notre
part, la plage qui a retenu notre attention est « Danse autour de ta
sacoche »! Un must. Vous savez quoi ? Et c’est à cela que je pensais en la
voyant évoluer sur scène avec un plaisir dépareillé, c’est que sa plus grande
folie serait de fonder un parti politique composé uniquement de drag
queens. L’électorat est devenu tellement cynique, qu’il y aurait fort à parier
qu’il considérerait ce parti comme la plus belle alternative aux vieux partis
fossilisés qui s’entredéchirent depuis des lustres et qui pigent dans le buffet
de la trésorerie. Coluche s’est bien présenté, lui, à la présidence de la
République française…
Entretemps, procurez-vous ce disque à écouter de
préférence en dégustant du « beurre de pinottes » de type smoothie.
Il colle moins au dentier.