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« drive end » au musÉe des beaux-arts

Un ciné‐parc transformé en
cimetière d’automobiles. Un vieil homme aux rides hollywoodiennes et au
chapeau
de cow‐boy contemple le temps qui passe. Un écran vide luit dans le ciel
crépusculaire au milieu de vieilles bagnoles rouillées. Un signe indique
le
lieu du ciné‐parc, Val‐d’Or. Les quatre images sont immenses, mesurant 3 m de hauteur sur plus de 7 m de largeur, et lumineuses
comme s’il
s’agissait de projections cinématographiques. Comme l’explique
l’artiste, « l’installation offre simultanément différents points de vue
sur ce territoire,
à la fois visible et imaginaire, que suggère le contenu représentatif
des
images.

La mise en espace fait donc appel à l’idée d’ubiquité. Le dispositif
permet aux spectateurs d’être présents dans plusieurs lieux à la fois ». Élégamment mises en scène et
minutieusement composées par Beauregard, ces scènes donnent à voir la fin rêvée
d’un monde, ou plutôt de deux mondes, comme le résume elliptiquement le titre, Drive
End
. Celui de la voiture parvenue au bout de la route, condamnée à finir en
tas de ferraille, emportant avec elle tout un imaginaire de l’écrasement. Et
celui du drive‐in, ces cinémas en plein air nés avec le développement de
l’automobile et morts, ou presque, avec l’étalement urbain qui a fait exploser
le coût des terrains, et surtout le développement du « cinéma‐maison ».

Sous ces images, c’est aux
thèmes de l’obsolescence et de la migration que s’intéresse Beauregard.
Obsolescence des technologies, comme le ciné‐parc ou l’automobile, qui
emportent avec elles des modes de vie, des communautés, toute une culture, très
nord‐américaine, du rapport à l’espace et à l’image. Migration physique,
motorisée, et migration de l’image cinématographique qui, depuis son invention,
s’est déplacée des théâtres aux cinémas et aux ciné‐parcs, puis aux écrans des
téléviseurs et des ordinateurs, voire aux murs des musées. « Je m’intéresse à
la migration du cinéma dans l’espace d’exposition d’art contemporain et aux
rapports entre l’image fixe et l’image-mouvement, explique l’artiste. La
cohésion du temps cinématographique et du temps photographique semble retenir
la fin d’une histoire ou d’un monde, auxquels renvoient métaphoriquement
l’iconographie de l’œuvre et de son titre Drive End ». Martin Beauregard
est né à Ville‐Marie en 1978. Diplômé de l’École des beaux‐arts de Bordeaux, il
poursuit actuellement des études de doctorat en recherche‐création,
conjointement à l’Université de Paris 1 Panthéon‐Sorbonne et à l’Université du
Québec à Montréal. Son travail a été exposé à Location One Gallery (New York,
2006), à L’Œil de poisson (Québec, 2006), au Asahi Art Square (Tokyo, 2005), et
au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux (France, 2005).

Stéphane Aquin, conservateur de l’art contemporain au
Musée des beaux‐arts de Montréal, est responsable de la présentation de Drive
End
.

DRIVE END
MARTIN BEAUREGARD
Du 17 juin au 19 septembre 2010
Musée des beaux-arts de Montréal