avaient été
marquées par une certaine controverse, certains critiquant les
organisateurs
pour avoir invité des artistes anglophones à participer au grand
spectacle. Cette
année, les organisateurs n’ont
pas pris de chance et n’ont
invité que des artistes chantant dans la langue de Leclerc. Animé
par Guy A. Lepage, pour la
deuxième année consécutive, le spectacle mettait notamment en vedette
Paul
Piché, Coeur de pirate,
Luck Mervil, Marie-Mai, Jonas, Dubmatique, Yann Perreau, Les Trois
accords,
Dumas et les Porn Flakes.
Dans
une brève allocution,
l’animateur de « Tout
le monde en parle » a lancé un vibrant plaidoyer en faveur du français.
Il
a d’ailleurs comparé le Québec au village d’Astérix « sauf qu’on a pas de
potion magique pour défendre
(la langue française) ». « On
peut juste la transmettre,
la respecter et l’aimer », a-t-il ajouté Mère
Nature a donné un coup de main au spectacle, permettant à
la foule de profiter des
derniers rayons de soleil
de la journée pour se
laisser bercer au son de
la musique. Les
organisateurs disaient espérer
attirer une foule de 260
000 personnes, tout comme l’an dernier.
Paul
Piché, à qui un hommage devait
être rendu, a lancé le spectacle en interprétant une de ses plus
vieilles chansons: « Y’a pas grand chose dans
l’ciel à soir ». Les autres invités sont venus le rejoindre sur la scène.
Les
participants devaient aussi
saluer la mémoire de deux
disparus: Gerry Boulet et Dédé Fortin. Plusieurs
spectateurs étaient
arrivés au parc plusieurs heures avant le début des festivités.
Confortablement
installé sur sa chaise de
fortune, Richard Sicard est arrivé sur les lieux en milieu d’après-midi.
Même
la pluie n’a pas découragé celui qui assiste au spectacle de la
Saint-Jean depuis plus de 20 ans. « Plus il y a de nations,
mieux c’est »,
s’est-il contenté de dire
au sujet de la fête 2010.
Les
festivités se sont déroulées
dans un calme relatif. Un porte-parole du Service de police de
la Ville de Montréal (SPVM), Daniel
Lacoursière, a indiqué qu’il y avait eu 10 arrestations. Sept
hommes, une femme et deux
mineurs ont été arrêtés, principalement pour des violations à des
règlements
municipaux.
COUP D’ENVOI
C’est sous un ciel menaçant que le
coup d’envoi des festivités de
la Saint-Jean-Baptiste avait été donné, à 13h, aux angles des rues
Fullum et
Sherbrooke, à Montréal. Mais les milliers de spectateurs ont pu profiter au
sec de la parade des
Géants qui comptait cette année cinq nouvelles adhésions dont, pour la
première
fois, un personnage toujours vivant, le chanteur québécois Jean-Pierre
Ferland. En plus des centaines de familles et de spectateurs
venus assister à la
parade, de nombreux
politiciens ont aussi fait flotter leurs drapeaux du Québec au son des
fanfares
et des traditionnels rigodons.
Le chef du Bloc Québécois, Gilles
Duceppe, a rappelé que les célébrations 2010 marquaient également les 20
ans de l’échec de l’accord du lac Meech.
« C’est drôlement important », a-t-il commenté avant d’ajouter qu’en
plus d’être fiers, les Québécois devraient être conséquents « pour que
leur
fierté s’épanouisse ».
Le chef du Nouveau parti
démocratique, Jack Layton, croit quant à lui que les Québécois avaient
beaucoup
de choses à célébrer
jeudi puisque partout dans le monde, la province est chef de file
pour sa créativité et la
langue française. Ses propos ont été appuyés par son seul représentant
au
Québec, le député d’Outremont, Thomas Mulcair. Selon lui, cette
créativité
représente « la meilleure manière de préserver et de
transmettre notre culture ».
Pour la chef du Parti québécois,
Pauline Marois, la province a trouvé cette année une manière
« sereine » de
célébrer la Fête nationale en français. « Cela ne veut pas dire que l’on
rejette qui que ce soit mais il reste que l’on célèbre ce que nous
sommes
depuis 400 ans, ici, en Amérique, et nous sommes des francophones »,
a-t-elle répété.
L’ancien premier ministre du Québec
et ancien chef du Parti québécois, Bernard Landry, a fait remarquer que
les
Québécois se souhaitaient de
moins en moins « Bonne Saint-Jean » mais plutôt « Bonne fête
nationale ». Il estime cette nouveauté bénéfique puisque cela représente
davantage la réalité d’aujourd’hui, où la religion est moins présente
dans la
société. Il a par ailleurs souligné la
« magnifique » capacité d’intégration des Québécois. « Le Québec
est une nation et non pas une race, cela veut dire que notre nation,
elle est
diversifiée, elle intègre et doit intégrer », a-t-il ajouté.
Ses paroles ont trouvé un écho parmi
quelques célébrants, notamment Rachel Lacombe, 32 ans, qui a émigré au
Québec
il y a trois ans avec son mari. « Il y a beaucoup d’étrangers mais les
gens
s’accommodent tous, ils sont tous ensemble. Ce n’est pas juste la terre de
quelqu’un, on est tous des
immigrés », a commenté la mère d’une nouvelle Québécoise, la petite
Coralie,
trois mois. La famille Chowdhury, originaire du
Bangladesh, était toute de
bleu vêtue en début d’après-midi. Amia, 9 ans, est une enfant de
la Saint-Jean. Née le 24 juin,
elle s’est dite heureuse de
célébrer les deux événements en même temps. Ses parents, Alok et
Sarmista, ne
tarissaient plus d’éloges à l’égard de
la terre qui les a accueillis il y a 18 ans. « Les Québécois respectent
toutes les cultures », ont-ils dit à l’unisson. « Ici, tout le monde
est égal », a ajouté Sarmista Chowdhury, brandissant fièrement le
fleurdelisé.
Né à Montréal, Jean-Paul Roy, 28
ans, a assisté au défilé comme chaque année avec ses quatre enfants. Il
trouve
important de leur
transmettre « l’esprit du Québec », une province « qui accueille
tout le monde ». « On est un peuple ouvert d’esprit », a-t-il
conclu joyeusement alors que la petite famille retournait chez elle
après le
défilé. Après avoir parcouru la rue
Sherbrooke, le cortège a pris fin au parc Maisonneuve, où deux
marionnettes
surdimensionnées ont célébré leurs fiançailles, tout juste avant que
Dame
nature n’assombrisse la fête en milieu de journée avec une forte
pluie.
De nombreuses fêtes de
quartiers se sont aussi déroulées tout au cours de la journée. Le
maire de Montréal, Gérald Tremblay, s’est dit très heureux de
voir que de plus en plus de personnes veulent célébrer la
Fête nationale, et ce, « quelles que soient leurs origines, et leurs
différences ». « Cela nous rassemble », a-t-il fait remarquer, tout
sourire.