C’est un attroupement d’une centaine de gens
indignés qui a attiré l’auteur de ces lignes sur les lieux où venait d’être
perpétré un vol à l’étalage. Il était aux alentours de 16 h 40, hier
après-midi. La jeune femme accompagnée d’un homme est sortie de la succursale
avec une bouteille d’alcool qu’elle aurait subtilisée. L’agent de sécurité, qui
a vu le manège, a attendu qu’elle sorte de l’établissement sous sa
surveillance. Les témoignages varient, selon lesquels il l’aurait projetée
rudement vers un mur.
Mais tous ont corroboré comme quoi il l’aurait ensuite
poussée violemment au sol, la malmenant. Des passants excédés par une telle
démonstration de force ont appelé à deux reprises les policiers pour qu’ils
interviennent le plus rapidement possible. Ceux-ci ont pris plus de dix minutes
avant de faire leur apparition! Pendant ce temps, la jeune femme pleurait
abondamment et avait mal au point d’être incapable de se relever. L’agent de
sécurité, un brin arrogant, justifiait sa façon de faire par le fait que la
femme était très agitée.
Le gérant perd la carte
En attendant l’arrivée de la police, le
gérant, Jean-Paul (il a refusé de donner son nom de famille) se tenait aux
côtés de son gardien, endossant pleinement l’intervention de son employé.
« Écoutez, on est fatigué de se faire voler ». J’ai tenté de lui
faire comprendre qu’en dépit du vol inexcusable, son agent faisait preuve d’une
force excessive. Rien n’y fit, le gérant haussait le ton. Je l’ai suivi dans la
succursale pour qu’il m’explique comment il pouvait appuyer l’attitude du
cerbère.
Le gérant s’est mis à perdre patience, Je lui ai intimé de ne pas
faire l’imbécile et de se contenter de répondre calmement aux questions. D’un
geste brusque, il m’a arraché mon carnet de notes, m’intimant de sortir
immédiatement de l’endroit et prenant à témoin et à haute voix son personnel
que je l’avais traité d’imbécile.
Des témoins collaborateurs
Preuve de cette violence inusitée en pareille
circonstance, alors que les témoins de tels actes de violence ne veulent jamais
laisser leurs coordonnées de peur que cela engendre des histoires, cette fois
c’est tout le contraire qui s’est produit. Trois personnes, entre autres, ont
spontanément remis leur nom et numéro de téléphone pour vérification
ultérieure. Ils parvenaient à peine à calmer leur colère après ce qu’ils
venaient de voir. Un passant d’origine latine a même offert au gardien de payer
les frais de la bouteille volée pour qu’on la libère, en vain.
Plusieurs
questions nous viennent à l’esprit. Qui embauche les agents de la sécurité à la
SAQ? Comment sont-ils formés? Et pourquoi les policiers du SPVM ont-ils mis
tant de temps à intervenir au moment même où le maire Tremblay, faisant mine
d’être surpris de la situation, a indiqué, il y a quelques jours, sa volonté de
mettre toutes les ressources nécessaires pour mettre un terme au
vagabondage et la mendicité qui hantent le parc Émilie-Gamelin et le Village?