J’ai toujours aimé ces vieilles pierres qui
transpirent l’histoire. L’auberge a été bâtie en 1688, du temps du Régime
français, par un soldat entrepreneur dont on a oublié le nom. Après de
multiples vocations, elle est devenue finalement un restaurant gourmet,
aujourd’hui propriété de Marc Bolay, Guy Laliberté et du charmant Garou, qui
viendra peut-être vous serrer la main s’il n’est pas en tournée ou en
spectacle. Le désigner Bruno Braën a fait un travail intéressant
en mettant en valeur des éléments traditionnels de l’édifice avec des éléments
ludiques qui nous incitent à la détente et à la joie.
À l’entrée, vous tombez
nez à nez avec la colonne vertébrale d’une baleine qui, placée à la verticale,
couvre deux étages. Il y a des aires pour passer un bon moment avec des amis où
des tables de pierre émergent du sol, lui aussi en pierre. La section bar est aérée, longue, bien
fournie en bouteilles, et servie par la charmante Shereem. Devant le bar, les
bancs sont recouverts de la véritable étoffe d’uniforme du Régiment
francophone, Royal 22e.
Au fond, deux corps d’orignaux servent de
pied de lampe; à droite, sous une murale de Jordi Bonnet, des tables émergent
des troncs d’arbre. L’auberge a un extraordinaire logo, une création de
Caroline Desvaux, de l’agence Bleublancrouge. J’ai été accueilli par Marc Bolay avec une coupe de
champagne. Des personnalités très connues de la presse gastronomique étaient
là. La décoration hétéroclite a opéré sa magie et nous avons bavardé comme de
bons vieux amis, même lorsque nous venions de nous connaître.
Nous avons été invités à passer à table. À l’entrée de
la salle à manger, on nous a présenté des plateaux avec des bouchées, des
tartiflettes de pomme de terre au lard et aux chanterelles, suivies de
bruschettas et d’une bombe farcie au foie de volaille avec condiment de raisin
blond et pistache, qui était péché. Il s’en est suivi un petit gaspacho, du
saucisson vaudois maison et des petits hamburgers de bison, oignon rouge confit
au porto et mayonnaise à l’huile de truffe. Pour boire, au choix du champagne
ou du vin blanc.
Après ces hors-d’œuvre, nous avons pris place à la
longue table au centre de la salle à manger. On nous a servi une délicieuse soupe froide de petits
pois, menthe et pamplemousse, suivie de rillettes de Tours maison, mostarda et
moutarde de violettes et une salade de pousses et d’herbes fraîches. La conversation allait bon train, les vins étaient
bons, les convives heureux, lorsqu’on déposa à notre table un incroyable
plateau de fruits de mer.
Des calmars frits en croûte de polenta épicée
côtoyaient des pétoncles poêlés sauce dolce forte, faite d’orange, de miel et
de gingembre, et sa brunoise de concombres, tandis que d’énormes huîtres
winamp, condimentées au vinaigre balsamique blanc, échalote et thym, faisaient les coquettes
avec du crabe des neiges, sauce cocktail. Dans un coin du plateau, des
crevettes géantes de taille olympique entouraient une salade de palourdes. C’était frais, goûteux, extraordinaire!
Ceux qui pensaient que le banquet était terminé se
trompaient. Le chef Gonzalez et son
adjoint nous ont présenté une pièce de viande remarquable encore crue, pour
nous apporter un peu plus tard un plateau de chateaubriand de l’auberge
accompagné d’un boudin délicat. Comment résister à l’appel de la chair d’une
cuisson et d’une tendreté parfaites?
Alors Garou est venu nous dire bonjour, avec la gentillesse et le
sourire qui le caractérisent. Il a répondu à nos questions et a accepté de
bonne grâce de poser pour nos photos.
Après le départ de Garou, on nous a apporté un dessert
appelé le Petit pot de crème : Nutella maison, crumble, mousse à la
banane. Quelle douceur! Quelle délicatesse! Avant le café, le Chef Eric Gonzalez est venu
s’enquérir si nous étions satisfaits. Nous l’avons remercié. Non seulement la
nourriture, mais le service étaient parfaits. Notre sommelière, Annie Beefaroni,
a beaucoup de classe et de professionnalisme.
À cause de mon métier de chroniqueur, je suis toujours
en dégustation. Je peux te dire, ami lecteur, que, pour une occasion
spéciale : en famille, avec des collègues ou des clients ou pour un
enterrement de vie de garçon, il faut faire l’expérience culinaire de l’Auberge
St-Gabriel. C’est inoubliable!