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Des amÉricains parlant franÇais?

C’était encore flagrant dimanche, au retour
du congé de la construction, à nos postes frontaliers. Tous des québécois qui
sont allés faire profiter leurs deniers en territoire américain, au lieu de les
dépenser chez nous. Nous parlons hardiment de notre culture, de la défense du
fait français, des entorses à la loi 101, de l’amour du Québec avec des
trémolos dans la gorge. Mais en réalité, tout nous trahit. Nous nous
précipitons vers tout ce qui brille aux « U.S.A. » Nos premiers ministres ne
donnaient pas l’exemple. René Lévesque et Robert Bourassa avaient tous deux
l’habitude de se rendre dans le Maine.

Michel Tremblay a sa résidence à Key
West et Marie-Claire Blais à Provincetown. Céline Dion, chanteuse américaine d’origine
québécoise, triomphe où? À Las Vegas, et passe la majeure partie de son temps à
Jupiter Island en Floride. Dès que le dollar canadien est en hausse, nos bons
petits québécois s’empressent de se jeter dans les bras des américains. Ici les
jeunes auteurs-compositeurs-interprètes préfèrent composer en anglais. Parce
que c’est plus mélodieux, disent-ils. Mais aussi parce que cela leur ouvre des
opportunités planétaires.

Nos réelles habitudes alimentaires nous conduisent
dans les fast food. McDonald et le
Poulet Frit Kentucky ont de belles années devant eux. Preuve de notre penchant
anglo-saxon, vous avez un groupe de huit francophones qui discute. Se présente
un anglophone, les huit vont se mettre à parler en anglais pour que l’autre
puisse comprendre au lieu que ce dernier fasse un effort. Nous sommes soumis
aux anglos comme ce n’est pas permis.
Et on assiste au retour de la bataille linguistique. Progressivement et en
sourdine, Montréal s’anglicise.

CONTENTIEUX HISTORIQUE AVEC LES FRANÇAIS

Par ailleurs, si les Français sont en nombre
significatif à vouloir s’installer chez nous, il n’est pas dit que c’est parce
que nous les aimons réellement. En réalité, le seul point commun, c’est de
parler la même langue, sinon tout nous sépare. C’est comme deux planètes. Et
c’est pourquoi les Québécois ne se sont jamais sentis totalement à l’aise
envers nos cousins. Ils préfèrent la culture anglo-saxonne. Faites un vox pop
sur la rue. Personne ne saura qui est Bernard-Henri Lévy. Par contre, vous avez
plus de chance qu’ils connaissent Stephen King. Ce sont des flash qui me viennent en tête quand je
vois revenir les nôtres, tout sourire, de Plattsburgh ou de Champlain. Nous
sommes finalement bien trop dépendants pour être indépendants.

Les opinions exprimées sont celles de
l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com.