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Les protÉgÉs du bs

J’en ai pour preuve ma propre dénonciation de mes voisins. Et pas une lâche dénonciation sous le couvert de l’anonymat. Non que non. Je me suis nommé, car j’en ai ras-le-bol de voir des profiteurs faire la fête pendant que je bosse comme un dingue pour rencontrer mes obligations. Je vous explique. Non loin où je demeure, il y a dans un seul triplex, pas moins de quatre prestataires de l’aide sociale. Comment est-ce que je sais qu’ils sont sur l’aide sociale? Par une simple déduction, mon cher Watson.

À moins que ces cocos aient gagné à la Loto, il faudrait de sacrés revenus pour être là à ne rien faire à cœur de journée… ou bien jouir de l’aide sociale. Il y en a une, nous la surnommons la « pas de dents »,  une anglo qui nous gratifie d’un beau sourire inquisiteur et… édenté. C’est une petite trafiquante de drogue. Dans le voisinage, on la surnomme « le dépanneur ». Rien d’ostentatoire chez elle, elle a toujours la même culotte et le même t-shirt à longueur de journée. Et elle a son cellulaire verrouillé en mains pour passer ses commandes et en recevoir.

Elle est connue des policiers, qui sont débarqués une fois chez elle en renfort. Elle les a accueilli comme une familière, sans être inquiétée. Elle n’est pourtant pas sereine, la sorcière. Toujours en mode agitation, elle a la tête qui pivote à perpète comme si elle se sentait épiée à tout moment. Au-dessous d’elle, un couple d’anglos itou. Lui, comme bien de ses congénères anglo-saxons, n’a que le mot « fuck » en bouche à longueur de journée (c’est vrai que la langue anglaise est simple).

Sa dame bêche un peu devant la maison, mais passe surtout le plus clair de son temps à placoter avec la « pas de dents ». Et des conversations qui démarrent de dix heures le matin jusqu’à souvent onze heures le soir, non-stop. Je les vois quand je pars le matin et au retour, elles sont toujours là! Il faut le faire. À côté, c’est un couple dépareillé formé d’une jeune femme charpentée, férue d’horticulture, qui ressasse de la terre noire à longueur de journée comme une débile, et qui hurle à tue-tête après sa fille qui a autour de trois ans.

Elle diabolise son homme, qui fume de gros pétards autant qu’elle. Et la petite qui crie plus fort que les deux, afin de se faire entendre. La police est souvent là pour arbitrer leurs différends. C’est l’oisiveté à son meilleur. Je n’ose même pas imaginer ce que me coûtent chaque mois tous ces gens en aide sociale. Mais là, votre humble serviteur en a eu plein son casque. Phase deux, action, on dénonce.

DÉNONCIATION AUX ENQUÊTEURS

Le bureau des enquêteurs, pour le sud-ouest, se trouve à Pointe-Saint-Charles. Un petit coup de fil à l’un deux pour qu’il enregistre ma dénonciation. Je lui répète ce que je viens de vous décrire ci-haut. Je leur ai dit qu’au moment où le ministre Bachand dit mettre les bouchées doubles pour réduire le déficit, il est temps d’agir. Deux semaines se passent et pas de nouvelles. J’appelle de nouveau chez les enquêteurs et on me refile le directeur du service. Et puis, Monsieur, peut-on savoir ce qui a été fait? Il me répond : « Nous ne pouvons rien vous dire, car nous sommes tenus de par la loi à la confidentialité des dossiers ». Je l’attendais, celle-là.

Cela m’a rappelé un de mes locataires sur le BS, qui s’était sauvé sans payer son dû. Ne pouvant le retracer, je savais que par la sécurité du revenu, je pouvais peut-être mettre le grappin dessus, vu que son chèque de prestataire allait le suivre à sa nouvelle adresse. On avait refusé de me révéler le nouveau lieu d’habitation pour le même motif. De ce fait, le service d’aide sociale se faisait complice du locataire fautif et par extension, cet organisme faisait à son tour un pied de nez à la Régie, qui oblige pourtant le locataire à s’acquitter de son loyer. Cela aussi est dans la loi.

Mais les bénéficiaires de l’aide sociale, que j’appelle familièrement les pompons, sont couverts par le gouvernement. C’est comme un État dans l’État. Quand j’ai dit au chef enquêteur que la « pas de dents » vendait son stock au vu et au su de tout le monde, il m’a dit d’aller me plaindre à la police et que ça ne les regardait pas. Eh bonhomme, on vient t’apprendre qu’en plus du chèque que vous leur octroyez, ils vont se chercher de belles fins de mois et comme réponse, ça ne nous regarde pas.

Nous connaissons tous des danseuses nues qui touchent du BS, des petits pushers, de même et qui encore. On a dit qu’au Québec, s’il fallait concentrer dans un même endroit tous les lieux où il se vend de la drogue au pays, cela équivaudrait à tout le quartier Rosemont! Et ils s’en fument du pot à Montréal. Donc tout ce beau monde qui profite du buffet consenti par Québec et qui nous rit en pleine figure. Et faites la réflexion. Vous n’entendrez jamais un premier ministre se mettre en mode chasse aux fraudeurs du BS. Jamais de la vie. C’est comme annoncer qu’on projetterait de réduire le chèque de pension de vieillesse aux aînés.

Ce n’est jamais bon électoralement. Pourquoi? Parce que les BS survivent à tous les régimes et se moquent allègrement d’aller voter. Se faisant, ça fait moins de monde à diriger vers les bureaux de vote. La classe intermédiaire vote moins par cynisme. Reste les vieux, qu’on va chercher en voiture le jour de l’élection. Cela facilite grandement le travail. Robert Bourassa avait tenté de faire la traque des profiteurs. Il avait créé une escouade spéciale qu’on avait surnommé les Bouboumacoutes. Cela n’a pas fait long feu. Il y a eu immédiatement un tollé des représentants des bénéficiaires pour hurler à l’ingérence.

Et comment donc! Bourassa exigeait désormais que les prestataires viennent chaque mois chercher leur chèque au bureau, en expliquant s’ils avaient fait des démarches pour se remettre sur le marché du travail. Mario Dumont aurait dû s’en rappeler. Il s’est tiré dans le pied en proclamant que s’il était porté au pouvoir, il allait remettre le Québec au travail. C’était comme un suicide politique. Aujourd’hui, il est réduit à l’animation au Canal V.

LE TRISTE SPECTACLE DANS LES BANQUES

Vous souvenez-vous du temps où les bénéficiaires allaient encaisser leur chèque dans les caisses et les banques le 1er du mois?  C’était hallucinant. Pour la majorité d’entre eux, vous aviez des gens baraqués, amplement capables d’aller gagner leur croûton comme bien des gens. C’était des filées interminables avec des engueulades entre paumés une fois le fric en poche, car un devait 20 piastres à l’autre. Il aura fallu le dépôt direct de l’allocation pour mettre un terme à ce spectacle affligeant.

Mais ils sont toujours là, les profiteurs. Et vous avez beau les dénoncer, on s’en moque. Le mot magique : « confidentiel ». Toi, le contribuable qui entend parler de la soi-disant lutte au déficit, t’as pas le droit de te mêler des enquêtes. La vérité dans tout ça, c’est que le système, aussi croche soit-il, fait l’affaire en haut lieu. Cet après-midi, la « pas de dents » riait aux éclats. Maudit qu’elle avait du fun.

Les opinions exprimées sont celles de
l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com.