François
Lurton est une vedette dans le monde vinicole. Il a de grands vignobles en France, en Espagne, au Portugal, en Argentine et au
Chili. Il ne produit que de bons vins. Son père est lui-même un viticulteur
renommé de Bordeaux, André Lurton, propriétaire entre autres des Châteaux
Bonnet, de La Louvière et de Dauzac. On dit qu’il aurait possédé autrefois le
Château Margaux. Né
dans un vignoble, François, tout jeune, a participé aux travaux de la vigne. En
1988, riche de son expérience, il se lance en affaires comme consultant de
grandes sociétés productrices et distributrices de vins.
Il fonde un peu plus
tard une maison de production avec son frère Jacques. Leur entreprise prospère et en 2007, François
rachète la part de Jacques, qui part développer des projets en Australie. La
compagnie prend le nom de Domaines François Lurton. « Il est possible de faire du bon vin partout où
pousse la vigne dans des conditions normales », affirme François Lurton.
Il sélectionne soigneusement les terrains, plante des vignes adaptées à chaque
terroir. Ses vins sont vieillis et mis en bouteille dans chaque pays; certains
sont envoyés à son immense entrepôt de Bordeaux pour consolidation.
Voilà ce que je savais de lui au moment où j’ai
traversé les portes du Toqué. Dans la salle réservée pour nous, j’ai rencontré
Sylvie Cardin et Jacques Lessard, de La Céleste Levure, qui représentent les
vins français, chiliens et portugais des Domaines François Lurton. Il y avait
aussi Sylvain Brizard, des Vins et Spiritueux Diamond Estates, qui en
représente les vins d’Argentine, et Marguerite Aghaby de L.B.V. International,
qui s’occupe du portefeuille des vins d’Espagne.
Plusieurs journalistes étaient
là, ainsi qu’un jeune homme dans la trentaine que je pensais être un des
œnologues de Lurton. Je me suis penché vers ma voisine et je lui ai dit ma
déception pour l’absence de monsieur Lurton. Elle m’a signalé le jeune homme et
m’a dit « c’est lui ». Comme l’entreprise a pris vingt ans à prendre
la taille qu’elle a, je me suis dit qu’à moins d’avoir commencé à l’âge de
quinze ans, il ne pouvait être que le fils de François. Le jeune homme prit la parole et avec verbe
et passion il nous a décrit sa vie, son entreprise, ses vignobles.
Il possède
450 hectares et avec des fermages, il en gère 700. Rigoureux dans ses méthodes,
il s’impose de goûter personnellement aux baies de chaque vignoble avant les
vendanges, ce qui l’oblige à se déplacer sur cinq pays, mais qui lui permet
également de choisir la vinification à donner à chaque vin, en fonction du
raisin que la vigne a produit dans l’année. Il produit ainsi 70 vins, avec des
arômes qui interprètent le terroir. Il nous a invités à déguster ses vins, en
commençant par les blancs.
Le sommelier nous a servi Les Fumées Blanches 2009,
vin du Languedoc sans indication géographique, fait de l’assemblage d’une
dizaine de Sauvignons de la région de Gers. Belle robe jaune tirant vers le
vert. Arômes de fruits et de fleurs qui vous explosent gentiment dans la
bouche. Beaucoup de fraîcheur et des saveurs d’agrumes qui se fondent avec
élégance (SAQ 13,85 $). Un cadeau, à ce prix! Monsieur Lurton pense que le
Languedoc est la prochaine Bourgogne pour les blancs.
On nous a servi un deuxième vin, le Pinot Gris,
Valle de Uco 2010, un vin de la région de Mendoza, Argentine. Lorsque
François Lurton a acheté le terrain,
c’était un désert. Il a voulu planter des Pinots Blancs et par erreur, ils ont
planté des Pinots Gris, qui sont devenus à la mode. En 2010, il a fait un vin
100 % Pinot Gris. Belle robe jaune aux reflets d’émeraude, complexe et plein de
finesse. La minéralité se fond avec le fruité, de façon harmonieuse (SAQ 14,95 $).
Le
sommelier nous a versé le Gran Lurton, corte Friulano 2009, élevé en
barrique de chêne français. Pour protéger le raisin de la grêle, ils placent des
filets au-dessus du vignoble. Robe pâle, des arômes charmants de fleur
d’oranger et d’acacia, de pommes vertes et d’agrumes. Beaucoup d’harmonie, long
en bouche (SAQ 22,90 $).
On apporta un vin d’Espagne de la région de
Rueda. Le vin de Rueda est toujours
blanc. C’est une région dont les vins, aujourd’hui, sont énormément en demande.
L’Hermanos Lurton, de Rueda, 85 % Verdejo, 10 % Sauvignon et 5 % Viura,
a une robe claire; très rond, très doux, arômes de pêche et d’abricot, une touche
minérale. Un vin de plaisir d’une grande élégance. Disponible en importation
privée.
Les sommeliers retirèrent les verres de blanc et
apportèrent le premier rouge, le Malbec Reserva 2008, un vin de la
région de Mendoza (Argentine). Belle robe rouge sombre. Vin puissant aux arômes
de figue. En bouche, structuré, robuste, complexe, mais à la fois rond. Il
glisse dans votre gorge comme du velours (SAQ 16,95 $).
Le Sommelier nous versa le Gran Lurton Cabernet
Sauvignon, de Mendoza. Un vin fait à 85 % de Cabernet Sauvignon et à 15 %
Malbec. Les raisins sont récoltés à la main; un premier tri manuel sur table
vibrante et les baies sont passées sur tribaie, une machine qui fait une
sélection par densité. On fait deux macérations, la première préfermentaire à 8
oC, pendant 5 jours; ensuite, une fermentation dans des cuves en
ciment, suivie d’une deuxième macération avec des remontages réguliers. Le vin
est élevé dans des barriques de chêne français et américain, dont la moitié est
de premier vin. Le résultat est un vin rouge rubis, aux arômes de violette,
rond en bouche, boisé, herbacé, astringent, minéral et superbement bon! (SAQ 22,95
$).
Toujours d’Argentine, le sommelier nous a versé le Piedra
Negra Malbec millésime 2006. Ce vin exige toute la maîtrise de François
Lurton sur la vigne. Il effectue une taille courte à la fin de l’hiver. Il
procède en été à des vendanges partielles en vert, pour favoriser la maturation
et la concentration des raisins qu’il laisse sur la vigne. La date des
vendanges est décidée par analyse gustative vers la fin de l’été. Il laisse
macérer pendant 7 semaines, avant de soumettre le moût à une fermentation
malolactique en barrique et d’élever ensuite ce vin dans les mêmes barriques
pendant trois mois.
Il complète la vinification dans des barriques de chêne
français de 225 litres, dont 50 % sont neuves et 50 % de premier vin. Le vin
ainsi obtenu a une robe rouge foncé. Un nez puissant et riche en arômes de
fruits rouges, de pain d’épice et de cacao. En bouche, il est ample; on retrouve
le fruité des arômes, des tanins ronds et bien fondus qui tapissent votre
langue. Une longue finale. Un vin élégant du début à la fin (SAQ 34,75 $).
Le sommelier nous a servi un vin du Chili de la Vallée
de Colchagua appelé Hacienda Araucano Reserva, millésime 2008, 100 %
Carmènere, le cépage de spécialité chilienne. Vendanges manuelles, fermentation
en cuves inox avec des levures choisies, pressurage en ne gardant que les
premières presses pour éviter d’avoir des tanins acerbes. La moitié est élevée
en barriques de chêne français pour arrondir encore les tanins. Le vin a une
belle robe rouge sang. Beau bouquet de fruits rouges mais aussi de tabac, de cardamone. Ample en
bouche, boisé, des tanins ronds (SAQ 14,95 $)
On a rempli nos verres de Hacienda Araucano Reserva 2009, 100 % Pinot Noir. François Lurton nous a dit combien il aimait les Pinots Noirs du Nouveau
Monde, tellement plus ronds que ceux de France. Le Hacienda Araucano est un vin
étonnant et complexe. Il n’est pas très minéral, mais il a un bouquet agréable,
fleuri, une belle rondeur et il est long en bouche. Un vin de gourmet. Disponible
en importation privée.
Le sommelier annonça qu’il allait nous servir un vin
espagnol. J’ai ressenti un joyeux frisson. Le vin rouge en Italie, en France et
dans le Nouveau Monde est un vin tranquille. En Espagne, c’est un vin joyeux,
un vin de fête. C’est le vin que tu bois dans de tout petits verres en
dégustant des tapas, lorsque tu fais la tournée des bars avec des amis, après
le travail. C’est un vin que tu bois dans une « bota » (petite outre),
quand tu assistes à une corrida en criant « Olé! » au son des
pasodobles; c’est encore le vin que tu bois sec, avant de te lancer devant la
meute de toros à Pampelune pour les « Sanfermines ». Si elle te
rattrape, tu es encorné, alors tu cours à en perdre haleine et lorsque tu es à bout de souffle, tu te
hisses à un balcon bas et tu vois passer la meute beuglante à quelques
centimètres en-dessous de toi, et tu as une montée d’adrénaline incroyable.
L’Heredero Lurton Tempranillo 2008, c’est cela. Un vin rouge foncé, tannique, riche en saveurs, assez alcoolisé. Sur la
région de Toro d’où il provient, François Lurton s’est associé à Michel Rolland,
qui a permis à tellement de vins d’évoluer et de s’épanouir (SAQ 14,95 $).
Monsieur Lurton nous annonça que nous allions terminer
la dégustation avec des vins du Portugal.
Au Portugal, il y a 323 variétés de raisins, qui se
retrouvent souvent mélangées dans un même terroir. On nous versa un Barco
Negro Douro 2008, un multicépage de vignes préphylloxériques. Robe rouge,
presque noire. Arômes de caramel, de cerise bien mûre, de clou de girofle.
Frais en bouche, festif, un bon degré d’alcool (SAQ 14,90 $).
Pour
terminer, nous avons dégusté le Quinta do Malho 2007. Un vin multicépages.
Après récolte, les raisins sont foulés dans le « lagar », à l’ancienne. Robe
rouge noir. Arômes de caramel, d’épices, de tabac, de chocolat, de fruits
rouges des bois. En bouche, beaucoup de fraîcheur, des tanins ronds, une belle
et longue finale. Un vin de gourmet. Disponible en importation privée.
On changea nos verres et on nous servit le repas. Des
grissinis enrobés de prosciutto en entrée, suivis de pieuvre et d’une salade.
Ensuite, moelle de bœuf, champignons, parmesan et croutons, puis carpaccio de
bœuf, morilles, asperges et fromage, et finalement un bon dessert : une crème
à la rose, un sorbet à la fraise et fraises des bois. Nous avons accompagné le
repas des vins des Domaines François
Lurton. Au café, je posai la question qui me brûlait les
lèvres depuis le début : l’âge de François Lurton. « J’ai 52 ans »,
dit-il. Je lui demandai quel était son secret pour en paraître 35. Il me
répondit qu’il tenait cela de famille et que son père, à 84 ans, en paraissait
vingt de moins et dirigeait personnellement ses vignobles.
J’avais un oncle un peu original qui s’adonnait un peu
à l’alchimie. Il croyait fermement à l’existence de la « Fontaine de Jouvence » et faisait des travaux mystérieux
pour obtenir la pierre philosophale, celle qui transforme le plomb en or. Il
nous a quittés sans avoir jamais percé ces deux mystères. J’avais devant moi, au Toqué, un homme qui avait bu
dans la Fontaine de Jouvence et qui transformait le raisin en or!
Voici les
adresses des Domaines François Lurton et de ses agents au Québec :