Je regardais ça à la télé, ce fameux
remaniement. Habituellement, le mot remaniement laisse supposer des
changements. Quelque chose qui va nous surprendre. Eh bien non. C’est quatre
trente sous pour un dollar. Vous êtes écœurés des partis politiques? Je vous
comprends. Et surtout quand on a appris plus tôt cette semaine que les
ministres quittaient avec de très généreuses primes de départ. Et vous,
contribuables, que l’on ponctionne à n’en plus finir! Je soumets
donc à votre réflexion ma proposition qui vient apporter un changement radical
dans la forme du gouvernement. Tout en étant préservant un esprit démocratique.
ABOLISSONS LES PARTIS POLITIQUES
Il n’y aurait plus de partis. Chaque
circonscription élirait un individu qui se présente, parce qu’il a réalisé
quelque chose de significatif dans sa localité. C’est simple. Si ce nom ne vous
dit rien, c’est que la personne n’a vraiment pas fait grand-chose. Ce qu’il
nous faudrait pour chaque comté, c’est une pointure. Peu importe la provenance
professionnelle des candidats. On en finirait illico avec le règne des avocats
qui ont trop largement dominé la scène politique. Ce pourrait être un plombier
du coin qui est à la tête de sa petite entreprise, connue de tous. Ou une
directrice d’école, un propriétaire de salon funéraire, et quoi encore.
Des
gens dont le nom vous dit quelque chose. Une fois tout ce beau monde élu, vous
avez l’Assemblée nationale de constituée. Chacun viendrait défendre les
intérêts, non pas d’un parti, mais ceux de ses électeurs. C’en serait fini des
chicanes partisanes. Il n’y aurait pas de campagne électorale proprement dite,
sinon ce serait la constitution d’une forme indirecte de parti constitué des
partisans d’un candidat contre un autre. Non. Simplement, une fois la mise en
candidature complétée, les noms seraient publicisés. Aucune publicité payante.
C’est le gouvernement du Québec qui paierait pour les espaces dans les hebdos
régionaux, afin de faire connaître les prétendants. On passerait vraiment aux
choses sérieuses.
LA SÉLECTION DES MINISTRES
Cette assemblée aurait à voter pour la
constitution d’un cabinet ministériel. Il y aurait un délai pour qui veut
puisse poser sa candidature à un poste de ministre en particulier. Qui souhaite
gérer l’éducation? Trois ou quatre se proposent, disons. Et tous les autres
députés auraient à faire le choix final. Celui qui aurait la majorité des voix
l’emporterait. Le mandat de l’Assemblée nationale serait de cinq ans. Comme
cela, on épargnerait sur les coûts des élections. Et ce serait la même chose
pour le poste de premier ministre choisi par les députés, comme les cardinaux
se choisissent un pape. C’est l’Assemblée nationale qui serait souveraine en
tout.
OBLIGATION DE VOTER
On se plaint toujours de l’abstention
grandissante des électeurs qui ne vont pas voter. Fini de se plaindre.
Désormais, le vote serait obligatoire. Et quiconque oserait ne pas se présenter
au scrutin recevrait une amende très salé qu’il ou elle ne serait pas près
d’oublier. Vous auriez instantanément des votes d’importance. Ce serait
vraiment tout le peuple qui porterait au pouvoir ses représentants réputés
efficaces sur le terrain.
L’AVANTAGE DE TAILLE, FINI LES RETOURS
D’ASCENSEURS
Comme ce ne sont plus les partis politiques
qui prendraient le pouvoir, fini les retours d’ascenseurs sous forme de
contrats de favoritisme. Chaque ministère ferait ses appels d’offres en
fonction des besoins exprimés par l’Assemblée nationale. Il y aurait des
commissions qui viendraient épauler l’Assemblée pour chaque secteur, une
commission pour l’éducation, une autre pour les travaux publics, etc. Et les
députés qui y participeraient ne recevraient pas de bonis additionnels.
Simplement, un salaire de base serait largement majoré (je propose 200 000
$ pour chaque député et le double pour le premier ministre).
On serait moins
tenté par le chant des sirènes de la corruption. Pour les travaux
d’infrastructures, ce serait les fonctionnaires du ministère visé qui
attribueraient les contrats et non le ministre en titre. La fonction
ministérielle serait tenue un peu à l’écart du processus décisionnel. Au final,
le ministre apposerait sa signature en vertu de paramètres très sévères en
matière de gouvernance.
Maintenant, je veux vous entendre vous exprimer
là-dessus. Je vous le dis, à part le système que je soumets humblement à votre
attention, on sera condamné à perpète à devoir subir ces vieux partis qui n’en
ont que faire des contribuables et qui pigent allègrement dans le buffet de
l’État. Du neuf, ou du surgelé au micro-ondes?