Le changement se produit quelques semaines à peine avant que le Parlement ne reprenne le débat sur le registre des armes à feu. Les Communes devront débattre d’un projet de loi d’initiative parlementaire, déposé par un député conservateur, qui prévoit l’abolition du registre des armes à feu pour les armes d’épaule. Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a indiqué que cette décision a été prise par la GRC. Chris McCluskey a expliqué que la GRC disposait d’une « autonomie complète » quant à la gestion de son personnel.
M. Cheliak, surintendant principal à la GRC, avait été nommé directeur général du Programme canadien des armes à feu il y a un peu plus d’un an. Lors d’un témoignage devant un commité de la Chambre des communes, en mai, il avait affirmé que le registre avait une véritable utilité et « contribuait à la sécurité des policiers et de tous les Canadiens » en aidant les policiers, par exemple, à trouver les propriétaires d’armes utilisées lors de crimes.
Selon Joe Comartin, un député néo-démocrate, le fait que M. Cheliak ait été limogé en raison de sa faible maîtrise du français est « inconcevable ». M. Comartin a aussi accusé le gouvernement d’avoir mis de la pression sur William Elliott pour se débarrasser de M. Cheliak. « C’est dégradant de les voir s’attaquer à des fonctionnaires qui ne font que leur travail », a lancé le député néo-démocrate. Pour le député libéral David McGuinty, la démotion de Marty Cheliak correspond à la stratégie conservatrice de réduire au silence les opposants de la ligne gouvernementale.
« Tout juste avant qu’un débat d’importance ne se déroule au Parlement, voilà que le surintendant principal Marty Cheliak est démis de ses fonctions, sans raison valable et sans explication, sauf celle qu’il a été envoyé, paraît-il, dans une école de langues », a déclaré M. McGuinty. Maria Mourani, porte-parole du Bloc québécois en matière de Sécurité publique, a affiché un certain scepticisme face à la décision.
« Comme par hasard, M. [William] Elliott, commissaire de la GRC, se réveille soudainement pour réaliser que M. Cheliak a besoin de cours de français. C’est vraiment se moquer du monde ». Le ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson, a balayé les critiques de l’opposition du revers de la main. Les libéraux et le NPD, a-t-il dit, essaient de dissimuler la dissension au sein de leurs partis au sujet du registre des armes à feu. Une poignée de députés libéraux et néo-démocrates a pris le parti du gouvernement plus tôt cette année, lors d’un vote concernant l’abolition du registre.