À peine avez-vous terminé un appel que vous êtes déjà sur le suivant, avec des promesses de se retrouver au déjeuner. Je dis bien des promesses. Car ça n’arrive jamais. On a beaucoup blagué sur les 500 amis de Facebook. Mais il y en a un qui l’a vécu réellement, il n’y a pas si longtemps. Et pas comme il l’aurait souhaité. Ça se passait dans la région de Gatineau. Un jeune, profitant de l’absence de ses parents, a lancé sur Facebook une invitation à venir faire la nouba chez lui.
Il en est venu quelque chose comme quelques centaines. Qui ont commencé à piquer des trucs dans la maison. Affolé, l’hôte des lieux a été obligé de faire venir la police pour disperser les envahisseurs. Et plus près de nous, le fondateur même de Facebook a vu des photos privées se retrouver sur son site, qu’il n’aurait pas voulu voir circuler. Il avait fait une mauvaise manœuvre. Mais ce n’est pas ça, en réalité, qui me fait frémir, mais l’égoïsme dont vous faites preuve.
MÊME PAS UN CAFÉ ENSEMBLE
Les gens, et pas simplement les jeunes, passent un temps fou à taper sur le clavier et à partager, en réalité un tas d’insignifiances, et pire, des renseignements personnels. Qui, on l’a vu, ont été du bonbon pour les mal intentionnés de la planète. Mais avez-vous vu le paradoxe? On n’a jamais eu autant de moyens de communiquer et en même temps, il n’y a jamais eu autant de solitude. C’est qu’en réalité, Facebook vous a révélé comme vous êtes, des égoïstes. En réalité, des amis virtuels, ça fait votre affaire. Ça n’engage à rien. Vous avez beau faire des déclarations d’amitiés tant que vous voudrez sur le Web, en fait, vous n’avez même pas le goût de partager un vrai café avec quelqu’un.
Et on en paie déjà le prix au niveau des maladies psychiques. La consommation d’antidépresseurs a augmenté de 325 % en 20 ans. Et vous me dites que Facebook fait votre affaire? Je lisais récemment une biographie d’Eddie Barclay, le magnat du disques français. C’était un sacré organisateur de partys légendaires, de méchantes fêtes. Avec des filles et des mecs à poil autour de la piscine. Son bal en blanc est demeuré célèbre. Eh bien, il disait qu’on pouvait faire tout simplement la fête avec un bout de saucisson et un ballon de rouge. Le bonheur puisant sa source dans le désir d’être ensemble.
N’oublions pas que ce qui nous distingue de la mouffette, c’est que nous sommes des mammifères sociaux. Or, Facebook, ce n’est pas ça la véritable vie sociale. Mes cocos, IL FAUT SE VOIR, et pas juste sur écran d’ordinateur. Je pourrais tenir un discours encore plus désespérant, tellement vous êtes incapables de payer une tasse de café, mais une petite statistique me rassure. Il semblerait que la consommation d’alcool remonte un peu. Et je pense que ça correspond à ce désir de s’arracher à la solitude de la maison et de frayer avec ses congénères.
Et pour prouver que la relation directe a plus d’effet, je vais puiser un exemple ailleurs. Entre vous proposer une branlette sur une belle fille ou un beau garçon vus sur ordinateur, et la possibilité de la ou le posséder en chair et en os, que choisissez-vous? La réponse vient d’elle-même. Alors c’est l’erreur que vous commettez à consacrer des heures inutiles à écrire des blablablas inutiles, pendant que vous vous privez des plaisirs de la conversation et qui sait, peut-être plus. Pensez à ça, derrière la solitude de votre écran.