fbpx
Devenir membre

DÉcÈs du rÉalisateur alain corneau

Âgé de 67 ans, l’auteur du Choix des armes et de Tous les matins du monde est décédé dans la nuit de dimanche à lundi des suites d’un cancer, a-t-on appris auprès de son agence Artmédia. Assistant de Costa-Gavras, Alain Corneau a fait tourner les grandes pointures du cinéma français Yves Montand, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, dans des films de genre explorant des univers extrêmement différents, tirant ses influences par la littérature et la musique. On lui doit entre autres Police Python 357, Le choix des armes, Série noire, Fort Saganne et Tous les matins du monde.

Son dernier long métrage Crime d’amour, avec Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier, était sorti en France le 18 août dernier. Né le 7 août 1943, diplômé de l’IDHEC (l’actuelle Fémis), Alain Corneau se destinait à la musique, en particulier le jazz, quand il décide de se tourner vers le cinéma. Après l’échec de son premier long métrage, le film d’anticipation France Société anonyme (1973), il réalise Police Python 357 (1976) avec Yves Montand et Simone Signoret, un policier influencé par le cinéma américain et les rôles de flic solitaire. Il enchaîne alors avec les polars  : La menace (1977) de nouveau avec Yves Montand, Série noire (1979) avec Patrick Dewaere, et Le choix des armes (1981) dans lequel il réunit Yves Montand, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve.

S’éloignant du policier, il se lance dans la fresque historique avec Fort Saganne (1984), qui adapte le roman de Louis Gardel, inspiré par l’histoire authentique de son grand-père. Fils de paysans, Charles Saganne (Gérard Depardieu) est un officier sorti du rang, qui quitte la France pour le Sahara et l’aventure en 1911, éloigné de la jeune et jolie Madeleine de Saint-Ilette (Sophie Marceau), dont les parents s’opposent à leur union. Grand lecteur, sept de ses 16 films ayant été tirés de romans, Alain Corneau prend ensuite un nouveau virage en transposant Nocturne indien (1989) de l’Italien Antonio Tabucchi. Photographie, rythme, Corneau rompt les codes avec un homme, Rossignol (Jean-Hugues Anglade), parti à la recherche d’un ami disparu en Inde et qui effectue un parcours initiatique.

Nouveau risque et grand succès critique et populaire avec Tous les matins du monde (1991) tiré du livre de Pascal Quignard, qui relate l’histoire du violiste Marin Marais (incarné par Gérard et Guillaume Depardieu). Malgré le sujet ardu, porté par la musique de Jordi Savall, le film remporte sept César, dont celui de meilleur film et du meilleur réalisateur en 1992. Avec Stupeur et tremblements (2003), adaptation du roman d’Amélie Nothomb, il permet à Sylvie Testud de remporter le César de la meilleure actrice. Il renoue avec le polar avec Le cousin et surtout en réalisant la reprise du Deuxième souffle (2007) de Jean-Pierre Melville en 1966, lui-même adapté d’un des romans de José Giovanni.

Compagnon de Nadine Trintignant, Alain Corneau a été distingué en 2004 par le Prix René-Clair pour l’ensemble de son oeuvre cinématographique. En 2010, il s’est vu décerner le Prix Henri-Langlois remis lors des 5es Rencontres internationales du cinéma de patrimoine à Vincennes. Lors d’un hommage de la Cinémathèque qu’il a lui-même beaucoup fréquentée, il avait fait part de son « petit credo personnel : faire un film, c’est faire oeuvre collective. Tous les films ont besoin les uns des autres. Le cinéma est tout entier collectif, y compris dans sa forme de représentation la plus puissante ».