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L’univers contrastÉ d’otto dix

Redoutable observateur du monde qu’il percevait comme « effroyable et beau », Otto Dix ne laisse jamais indifférent. Quelque 220 œuvres dont une quarantaine de rares et fragiles peintures, souvent peintes à la détrempe sur panneau de bois, ses grandes aquarelles et ses puissantes gravures illustrent sa vision à la fois sarcastique et émouvante de l’époque mouvementée qui fut la sienne, d’une guerre mondiale à l’autre, dans l’Allemagne de la République de Weimar jusqu’à l’avènement du IIIe Reich. Plusieurs séries complètes d’estampes seront aussi exposées, dont l’extraordinaire série « La guerre » (1924).

« Cette exposition, commente la directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux‐arts de Montréal, Nathalie Bondil, la première exposition de cette ampleur consacrée à Otto Dix en Amérique du Nord, prend à Montréal tout son sens. En effet, un tableau, le Portrait de l’avocat Hugo Simons par Otto Dix, raconte de manière exemplaire, du chevalet au Musée, deux destins, celui du peintre et de son modèle qui traversèrent une tragédie du XXe siècle, mais aussi la bataille d’une ville remportée pour conserver cette œuvre hautement symbolique. Rarement dans cette ville, une œuvre d’art aura suscité une telle mobilisation pour conserver notre patrimoine collectif ».

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne connut une créativité artistique inégalée en Europe. Cette période de festivités joyeuses et débridées, celle des Années folles, fut aussi marquée par la violence, la pauvreté et la décadence générées par une situation politique et économique désastreuse, dont Otto Dix fut l’implacable témoin. Les œuvres de l’artiste illustrent l’horreur des combats, gueules cassées d’anciens soldats réduits à la mendicité, misère morale des prostituées, victimes d’un ordre social déboussolé, et ses saisissants portraits d’inconnus, de la bohème et de l’intelligentsia, sont d’un réalisme brutal qui dérange autant qu’il fascine.

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

L’exposition est divisée en six lieux agencés suivant un parcours chronologique et thématique, d’une guerre à l’autre :

1 ‐ LA TRANCHÉE

« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste, pour qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment une chose pareille a existé ».

2 ‐ LA VILLE

« Il y a, dans ce qui nous entoure, tant d’étrangetés que l’on n’a aucune raison d’utiliser ou de chercher de nouveaux motifs ».

3 ‐ LA MAISON CLOSE

« Nous voulions voir les choses nues, clairement – presque sans art ».

4 ‐ LA GALERIE

« Lorsque je dis à quelqu’un que j’aimerais le peindre, j’ai déjà en moi son portrait ».

5 – LE SALON

« Fichez‐moi la paix avec votre politique à la con – plutôt aller au bordel ».

6 – LE LAC

« J’ai peint des paysages – c’était bien une émigration ».

* LÉGENDE PHOTO
Femme allongée sur une peau de léopard (portrait de Vera Simailowa)
1927
Huile sur bois
Herbert F. Johnson Museum of Art, Cornell University
Gift of Samuel A. Berger

Source : MBAM