Je lis l’autre
jour dans un hebdomadaire la chronique d’une vétérinaire qui se faisait
insistante sur le fait que l’on devait brosser les dents du chien! Le poil m’a
dressé sur les bras. Non mais vous n’y pensez pas! Se mettre à brosser les
canines de pitou. Et de nous mettre en garde. Pas question de se servir de
votre Colgate. C’est toxique. Il faut se faire conseiller par son vétérinaire.
C’est là que je décroche totalement. On dirait que l’animal est arrivé dans la
nature avec le vétérinaire en prime.
Comme si la bête était incapable de
s’autosuffire par elle-même. Et je mets sur le même pied les
vétérinaires, les dentistes et les plombiers, qui ont en commun de vous faire
les poches.
MON CHAT PITON
Les animaux
domestiques encabanés et dépendants de leurs maîtres finissent par leur
ressembler. J’avais un chat baptisé Piton. Je l’avais recueilli chez un
locataire BS de carrière, qui s’était poussé sans payer son loyer. Il avait
laissé son chaton à l’abandon. Ce dernier avait fini par hériter de mon
caractère agressif en présence d’étrangers (surtout si vous êtes con). Un jour,
je m’amène chez un vétérinaire renommé du quartier Côte-des-Neiges. Un Français.
Très grande gueule. Qui ne cesse de faire de la personnalité.
J’étais allé le
rencontrer pour lui faire enlever les amourettes. Car le petit félin commençait
à marquer de façon odorante son territoire. Le vétérinaire me demande s’il
avait reçu son deuxième vaccin de rappel. Ce fameux deuxième vaccin qui, dans
mon livre à moi, est un véritable racket. J’allais lui dire non, quand il a
aussitôt enchaîné que c’était impératif avant de pouvoir opérer. Il m’a demandé
de bien vouloir lui faxer la preuve de la vaccination faite par un autre
vétérinaire. Comme je ne l’avais pas fait du tout pour Piton, j’ai appelé le
vétérinaire en question situé à Verdun, avec une astuce.
La secrétaire jeune et
innocente n’y a vu que du feu. « Mademoiselle, je voudrais simplement vous
dire que mon chat Timex (nom de mon précédent chat) s’appelle désormais Piton.
Voulez-vous faire le correctif? Et en passant, voulez-vous me faire parvenir la
copie par fax de son deuxième vaccin avec le nouveau nom figurant (à l’époque
de Timex, je croyais encore qu’un deuxième vaccin était nécessaire) ». Et
la secrétaire fit le nécessaire. Je m’empressai d’envoyer le tout au vétérino
de Côte-des-Neiges qui, trop heureux d’avoir le papier en main, l’opéra
illico.
LES FAMEUSES
CROQUETTES
Quand je me suis
présenté quelques jours plus tard pour reprendre mon gentil félin, amputé de
vous savez quoi, le vétérinaire s’informa sur la marque des croquettes que je
servais à mon animal, « Science Diet ». De lui répondre : « Non,
non pour ma part, c’est Royal Canin », dit le docteur. Dommage, doc, mais
c’est un de vos collègues qui m’a justement recommandé Science Diet. L’autre ne
sut plus quoi répondre. Et je fis un discours à caractère défoulant sur ma
perception du deuxième vaccin de rappel.
Ne cachant pas que c’était selon moi
une escroquerie. « Mais Monsieur, si on n’avait pas eu de médicaments on
n’aurait jamais enrayé la grippe espagnole et quoi encore. Cela a permis de
sauver l’humanité ». « Mais non, docteur, c’est que les gens
vivent maintenant dans des conditions plus hygiéniques ». Ce fut un débat
intense et court qui fut interrompu brusquement, car le vétérinaire avait
d’autres « patients » à voir.
SI CHATS ET CHIENS
TOMBENT MALADES
C’est qu’ils sont
dénaturés, de vivre en appartements. Ils comblent sans doute votre solitude et
vous leur consacrez, je n’en doute pas une seconde, plus d’affection qu’aux
membres de votre famille. Mais ces bêtes perdent toutes leur instinct de
chasseur. Est-ce possible de garder une Levrette italienne au troisième étage
d’un triplex quand on sait que cet animal a la vitesse d’un lévrier et peu
parcourir un kilomètre avant que vous n’ayez terminé de décliner votre nom? Ils
sont malades d’être trop collés sur nous.
Quoi de plus indépendant qu’un chat? Il va venir se coller sur vous quand lui le décide. C’est un dominateur. Il ne
vit pas chez vous, mais il vous supporte dans son territoire. Si vous commencez
à le « bardasser », dites-vous que l’irritez au plus haut point. Mais
de là à le shampouiner de peur qu’il fasse des pellicules comme le recommande
des vétérinaires, c’est du paganisme. Le chien comme le
chat a besoin de la nature pour s’épanouir. En lapant de l’eau de pluie, le
chat va trouver le PH nécessaire à son renfort immunitaire. Ne commencez pas à
le pourrir avec de l’eau Naya, bordel.
En résumé, le contact avec l’humain lui
est nuisible. Nous sommes trop malades et infréquentables. L’animal sait ce qu’il
a à faire. Il n’est pas né avec un vétérino dans les pattes. Nous, on a besoin
absolument du médecin, car on s’ennuie trop. De grâce, ne reportez pas votre
mal de vivre sur votre bête. C’est le meilleur moyen de la faire périr. L’Homme
est hautement toxique. Le danger s’accroît avec sa fréquentation.
