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Un hommage À claude bÉchard

C’est le portrait qu’a dessiné la classe politique de l’ancien ministre décédé mardi après une longue lutte contre le cancer. Dans l’opposition, autant le Parti québécois que l’Action démocratique ont salué le parlementaire dévoué, tandis que ses anciens collègues ministres ont évoqué le fin « stratège ». Le bureau du premier ministre Jean Charest n’a toutefois pas émis de déclarations. « C’était quelqu’un avec qui on développait rapidement des liens », a déclaré le leader parlementaire péquiste, Stéphane Bédard, de la même génération politique,

qui est arrivé à peu près en même temps que lui sur les banquettes de l’Assemblée nationale, à la fin des années 1990. « Il se battait tout le temps, il ne reculait jamais, le terme battant lui convenait bien, Claude, a-t-il confié dans une entrevue téléphonique mardi soir. Je ne l’ai jamais vu faire preuve de contrition. C’est un gars qui n’avait qu’une seule stratégie, on attaque, on fonce! » Il s’est dit « surpris » de sa mort, même s’il le savait aux prises avec un cancer depuis plusieurs années, parce que M. Béchard avait décidé de continuer à travailler.

« Il n’a pas reculé, là non plus. On était presque convaincu qu’il allait s’en sortir. De ce point de vue là, c’est un exemple. Cela aurait écrasé n’importe qui (dans les mêmes circonstances) ». Il est trop tôt, selon M. Bédard, pour esquisser son legs politique, mais il a qualifié sa mort « d’injuste », étant donné ses talents et son âge, en plus qu’elle laisse ses jeunes enfants dans le deuil. La chef du PQ, Pauline Marois, a pour sa part souligné qu’il était « totalement dévoué » aux citoyens de sa circonscription et que l’Assemblée nationale était « son deuxième foyer ». Il « aimait la joute parlementaire comme pas un », a-t-elle fait ressortir dans un communiqué transmis en soirée.

Le chef adéquiste, Gérard Deltell, a déploré la perte d’un « vaillant compagnon » qui servait les intérêts de ses commettants « avec le plus de passion possible ». Il se rappelle de « deux Claude Béchard » : un qu’il a connu quand il était journaliste à TQS avant de passer à l’ADQ, « toujours prêt à défendre ses idées farouchement » et l’autre qui vivait depuis deux ans « avec une tonne de briques au-dessus de sa tête », mais qui combattait quand même. « Et pour ça, Claude Béchard restera pour moi toujours une inspiration », a déclaré M. Deltell dans un entretien en soirée.

Sa collègue, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, l’a connu quand elle était journaliste à Radio-Canada, au moment du schisme des jeunes libéraux, au début des années 1990. Elle se rappelle d’un « pur-sang » qui avait la politique « dans ses gènes, dans son ADN ». « C’est beaucoup de tristesse, a-t-elle dit en soirée dans une entrevue. On n’arrive pas à croire qu’on ne le verra plus, qu’on ne l’entendra plus rire, qu’on ne le verra plus faire ses blagues ». Selon elle, c’était « une bête politique, un stratège » . Elle lui demandait conseil et testait des idées auprès de lui, même au printemps dernier, sur le sujet controversé de la langue. « Il me disait : « appelle-moi, j’aime ça quand tu m’appelles ». J’ai beaucoup appris de lui. C’est étonnant comment il avait ce sens inné de la politique. La capacité d’apprendre rapidement, il était très fort là-dessus ».

À Ottawa, le premier ministre Stephen Harper a souligné que M. Béchard a représenté avec « efficacité et dévouement » ses concitoyens de Kamouraska-Témiscouata pendant 13 ans. « Claude Béchard a été un exemple de courage et de détermination pour ceux et celles qui se battent contre le cancer », peut-on lire dans un communiqué émis par le bureau du premier ministre. La ministre fédérale Josée Verner a dit qu’elle avait « beaucoup d’admiration pour l’homme et le combat qu’il a décidé de mener jusqu’à sa fin ». « Moi, je pense qu’on reste sans voix : si jeune, avec de jeunes enfants, on ne peut pas faire autrement que de trouver ça très triste ».