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BÉchard au mÊme rang qu’un fÉlix ?

Quand j’ai appris que Québec avait, de
concert avec la famille du ministre défunt, décrété des funérailles nationales,
les bras me sont tombés bien raides. Non, mais c’est de la récupération à plein
nez, comme pour faire une manœuvre de diversion aux problèmes qui assaillent le
gouvernement. Entendons-nous, toute personne qui meurt à 41 ans, ce sera
toujours trop jeune et c’est une disparition très triste pour sa famille
immédiate et surtout ses quatre jeunes enfants. Mais de là à en faire un
personnage d’État il y a une marge.

D’anciens premiers ministres, un Félix
Leclerc, un Gilles Carle, Jean Drapeau, par exemple, ont eu droit à des
funérailles nationales. Mais un simple ministre en exercice, c’est un peu gros
merci. Claude Béchard était tout simplement un ministre comme bien d’autres,
peut-être plus près de ses électeurs. Mais c’était un ministre dans la norme,
sans relief particulier et qui endossait les pratiques du pire gouvernement à
avoir vu le jour depuis les libéraux de Taschereau et de l’Union nationale de
Maurice Duplessis. Il serrait la main de Tomassi quand il était son collègue au
cabinet et ce dernier était ses funérailles.

Et lutter contre le cancer, il y a
plein de gens qui vivent la même chose, et pire, qui n’ont pas eu accès comme
lui à des soins de premier rang, obligés qu’ils sont à risquer leurs vies sur
des listes d’attente.

UNE ENTORSE AU PROTOCOLE

Le hasard a voulu que je croise, la veille
des funérailles, un ancien du bureau du Protocole du gouvernement du Québec. Et
qui a organisé justement des funérailles nationales. Je ne le nommerai pas, car
c’est un frileux comme tous les québécois de souche et il démentirait ce qu’il
m’a confié. Au début, il m’a dit : « Bon, c’est un hommage à un
ministre qui a combattu son cancer et est mort en fonction ». « Bien
oui. ai-je répliqué, mais est-ce que pour autant. cela en fait un héros
national? » Quelqu’un qui, comme Félix Leclerc, a été un ambassadeur de
notre culture à l’étranger. Même Oscar Peterson, qui est né à Montréal et qui
est une légende internationale dans le monde du jazz, n’a pas eu de funérailles
nationales au Québec.

Et lui, finalement, d’admettre qu’au strict plan
protocolaire, Béchard n’aurait pas eu droit normalement à cet honneur. Quand on
se rend sur le portail des Relations internationales de qui relève le
protocole, qu’est-ce qu’on peut lire? « Lorsqu’une personnalité québécoise
décède, le gouvernement du Québec peut décider de souligner l’apport du défunt
à la société québécoise en offrant à la famille de tenir des funérailles
nationales ». Je retiens deux segments : le mot
« personnalité » et « Apport à la société québécoise ».
D’abord, le sens attaché au mot personnalité suppose quelqu’un qui a du relief,
un charisme magistral.

Un Béchard ne fait pas le poids à côté d’un Jacques
Parizeau qui a été un ex-premier ministre et grand bâtisseur de la révolution
tranquille. Il n’a pas hérité de son surnom de Monsieur pour rien. Ensuite, l’apport à la société québécoise. Bien
c’est là, que je décroche. Béchard s’en est tenu à la ligne du parti et n’a pas
claqué la porte, devant tant d’allégations scandaleuses, pour aller fonder son
parti. En son temps, même si je ne suis pas un admirateur de René Lévesque (homme
plein de dépendances et incapable de ce fait de faire l’indépendance), mais au
moins il a tourné le dos aux libéraux et fondé un parti qui allait dans le sens
de ses aspirations.

Si vous avez pleuré sur la mort de Béchard, c’est que vous
avez surtout pleuré sur vos vies ennuyeuses et cela vous a fait une
distraction. Le Québec est en mode féminin et on le sait, les tempéraments
féminoïdes pleurent pour rien, les hommes aussi, ce qui est dévastateur.
Séchez-les vite, vos larmes, et appréciez les choses pour ce qu’elles sont.
Béchard était un ministre point, travailleur, près des gens, mais qui n’a rien
révolutionné. D’ou le ridicule de lui accorder des funérailles nationales. Tant
qu’à ça, un pompier qui tente de sauver quelqu’un et qui perd la vie dans les
flammes est autrement plus méritant de la nation. Ici, on aime l’enflure.

Les
opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement
celles de lametropole.com

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L’AUTOROUTE 85 POURRAIT PORTER SON NOM