Elle (Pauline Marois) devait être déçue quand Sydney Crosby a scoré un but pour Team Canada (aux Olympiques) », a dit M. Lessard, qui manifestement ne se soucie pas davantage de la qualité du français que du nombre de francophones chez le Canadien. La chef du Parti québécois a cautionné, plus tôt cette semaine, la thèse soulevée par le porte-parole du PQ en matière de langue, Pierre Curzi, à l’effet que le Canadien est passé ces dernières années « d’un atout pour le nationalisme à un atout pour le fédéralisme ».
De l’avis du député de Borduas et de la leader souverainiste, le Tricolore, avec ses quelques joueurs francophones plus ou moins marginaux, ne reflète plus la réalité des francophones. Cette interprétation des choses fait pouffer de rire le ministre Lessard. « Je suis un peu renversé, comme sportif ce matin, d’entendre ça. Est-ce que les Sénateurs d’Ottawa servent à faire la promotion du Sénat? Ou les Kings de Los Angeles font la promotion de la monarchie? Quelle sera la prochaine étape, on va enlever les cahiers Canada des tablettes? », a-t-il lancé sur le ton du sarcasme.
Selon lui, les Québécois se soucient peu de la présence francophone au sein du Canadien, pour autant que l’équipe compte des buts et accumule les victoires. De son côté, la ministre Beauchamp a accusé Mme Marois de se « radicaliser » en voulant diviser les Québécois sur le symbole de fierté apolitique qu’est le Canadien. « Je suis un peu découragée, en fait je suis même un peu tannée de voir le Parti québécois, notamment Mme Marois, qui encore une fois essaie de diviser les Québécois. On est tannés, là », a laissé tomber Mme Beauchamp.
« Quand on porte un chandail du club de hockey Canadien, on ne pose pas un geste politique, on dit juste qu’on aime une grande équipe, une des plus grandes équipes, tous sports professionnels confondus », a-t-elle poursuivi. Au lieu d’approuver l’analyse du député Curzi, la chef du PQ aurait dû le contredire sur-le-champ, pense la ministre responsable du Sport. Sur les questions linguistiques, M. Curzi n’en est pas à ses premières énormités, a-t-elle tenu à rappeler.
« Elle avait la chance, hier (mercredi), de dédire Pierre Curzi, le même qui avait dit que Paul McCartney ne devait pas venir sur les Plaines (d’Abraham) », a-t-elle soulevé. Cette nouvelle controverse politico-linguistique a fait réagir la haute direction du Canadien. « Nous sommes dans le business du hockey, pas dans la politique », a dit le propriétaire du club, Geoff Molson. « Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’est pas question de politique dans la chambre des joueurs », a-t-il ajouté. Reste que nombre de commentateurs ont reproché à la direction du Canadien ces dernières années de faire preuve d’indifférence envers les joueurs francophones, qui formaient jadis le coeur de la formation.
En outre, l’ex-capitaine Saku Koivu s’est attiré les critiques pour ne s’être jamais donné la peine d’apprendre le français pendant les dix ans qu’il a porté le C sur son chandail.