à son fils Martin quand il était tout
petit et rêvait d’être tellement grand,
tellement fort. « Les petits garçons ne sont jamais
assez forts, assez grands. Donc, soir
après soir, on faisait voyager le grand Ti-Boutte. Le fantastique des enfants n’est
pas toujours dans le rêve. Il devient
grand dans son imaginaire… mais au
fond, j’aimerais dire aux enfants de
prendre leur temps… qu’ils sont mieux
de rester petits. Peut-être qu’il y a une
morale à la fin de ce conte », lance Janette
Bertrand en souriant doucement.
Elle espère aller raconter son conte, qui
l’a occupée tout l’été dernier, dans
la classe de sa belle-fille, la femme de
Martin, qui enseigne la troisième année. D’ailleurs, sachez que le petit Martin
devenu grand a maintenant 50 ans… Dieu
que nous sommes loin de Quelle famille! « Il forme des vendeurs et il donne des
conférences sur la dyslexie, car il est un
grand dyslexique… c’est moi qui lui ai
transmis cela. Car moi aussi, je vois les
mots à l’envers… la catastrophe pour une
personne qui fait carrière dans l’écriture.
Je suis une experte de la correction,
je dis « l’hôtel ovni » au lieu de « l’hôtel
Omni » et je ne cherche pas à écrire le
mot oeil… », confie d’emblée Janette.
DANS LA TÊTE DE TI-BOUTTE
C’est le comédien Martin Larocque, qui
a une maison d’édition, Bagnole, qui l’a
convaincue de plonger dans le conte
pour enfants… il lui a même commandé
un autre conte, pour filles. Janette Bertrand ne dit pas non.
La première expérience fut assez
satisfaisante pour cela. Car à 85 ans,
Janette Bertrand travaille maintenant
en toute liberté. « C’est merveilleux de vivre dans la tête
d’un enfant pendant des
semaines… qu’est-ce que ça
fait, un enfant, quand ça se
réveille? Ça mange de la crème
glacée, des fois. Je me suis
amusée à lire l’histoire à mes arrière-petites-filles de 4 ans et 2 ans… la première a posé des
tonnes de questions, la petite
fut moins intéressée.
Ma belle-fille
croit que l’histoire de Ti-Boutte s’adresse plus aux
enfants de 4 à 7 ans », explique
l’auteure, qui s’est aussi amusée
à insérer des noms un peu compliqués,
pour que les enfants
posent plein de questions, et a
voulu leur faire découvrir des
personnages comme le grand
Maurice Richard. « Quelle belle question de se faire
demander « Qui est Maurice
Richard? » par une petite fille de 4
ans… Dieu qu’on peut en raconter », souligne avec un charme de
petite fille Janette Bertrand.
ET SI ON NE FAISAIT RIEN…
AUJOURD’HUI
Elle souhaiterait que les enfants
d’aujourd’hui soient moins occupés et
prennent plus le temps de nourrir leur
imaginaire. « Je sais, ils ont autre chose, mais ils
sont tellement gâtés. Ils ont tout, tout de
suite… et comment leur montrer la
notion du désir… ils l’apprendront
autrement sans doute, mais j’ai un peu
de peine pour eux. Cet été, j’ai dit à mes
petits-enfants, très jeunes, aujourd’hui,
« on ne fait rien »… et ils étaient un peu
paniqués, car faire rien pour eux… ils ne
savent pas comment. Je me suis bien
amusée à leur montrer ».
DU MONDE IMAGINAIRE DE
L’ENFANT À LA VIE DE COUPLE
C’est ainsi qu’à son chalet d’été, à son
appartement du centre-ville de
Montréal, Janette Bertrand se nourrit
d’écriture avec un réel bonheur. « C’est ma grande liberté. Je vis
totalement avec mes personnages.
Mon prochain roman racontera
l’histoire de cinq couples… le titre provisoire
est Lit double; c’est un anglicisme,
paraît-il; je dois le changer… mais c’est
formidable, ce que ce défi m’apporte. J’ai
toujours vécu en couple, 35 ans avec
Jean, 27 ans avec Donald; je
sais de quoi je parle ».
« Vivre en couple avec l’homme
qu’on aime est une belle
aventure remplie de défis. Je
trouve que les gens cherchent
trop la personne comme
eux alors que, pour réussir,
je crois qu’on doit être
aussi différent de l’autre…
moi, je suis l’énervée, celle
qui panique, Donald est le
calme… mais il aime bien quand je le
pousse à aller au théâtre », explique
sagement Janette Bertrand, l’auteure. Elle mord plus que jamais dans la vie,
vieillir est un défi, mais par l’écriture,
elle sait bien le combattre. « Je suis une femme libre et Ti-Boutte
fut un de mes bonheurs… j’ai hâte que les
enfants le découvrent », conclut la
maman de Ti-Boutte….
Ti-Boutte a des illustrations
exceptionnelles de Caroline Merola.
Il sera disponible en librairie le
29 septembre prochain.
Source : Canoë