«Il y a les films de Denis Côté, de Podz, celui de mon ami Louis Bélanger, Route 132, un super film, puis celui de Robin Aubert, À l’origine d’un cri.» Comparativement à ces deux précédentes expériences, il sent qu’il s’en va à la guerre mieux armé avec son film Incendies. Le distributeur Sony Pictures Classics connaît les exigences d’un tel parcours et sait qu’est-ce qu’il faut faire. Notre équipe est forte et il le faut, car la marche est très haute.»
COMME UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE
Je revois encore le cinéaste Denys Arcand, épuisé, rendu au bout de la longue route vers l’Oscar, qui se promenait d’un festival à l’autre partout en Europe, me dire qu’il se sentait «en pleine campagne électorale» tant il fallait que son film soit vu partout. Hier, la productrice Denise Robert, qui partage l’Oscar du film Les Invasions barbares fièrement avec son homme et qui est membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, partageait le bonheur de Denis Villeneuve et me rappelait à quel point cette catégorie du meilleur film de langue étrangère était une bataille de tranchées. «À la fin, il ne restera que cinq films, et les membres votants doivent absolument avoir vu en salles les cinq films. Comme dans certains pays, il y a absence de distributeurs, tu ne peux pas les visionner sur DVD chez toi. Des représentations spéciales sont donc organisées dans les grandes villes comme New York, Los Angeles et Londres. C’est une catégorie qui fait face au système de votation le plus complexe et exigeant», nous rappelait-elle.
Elle n’a pas encore vu Incendies, mais courra le voir en salles pour s’assurer de bien voter, lance-t-elle. Ce qu’elle entend sur ce film la remplit d’espoir. «Denis Villeneuve est un de nos plus grands cinéastes. Un réalisateur avec un immense talent et le sujet de son film saura, je crois, intéresser les gens de l’Académie qui sont un peu plus de 6 000 à voter. C’est une lutte impliquant plusieurs pays, qui est très politique et très exigeante, mais le Canada a fait, je crois, un excellent choix.»
HOMMAGE À WAJDI MOUAWAD
Son film Incendies fera le tour du monde. Il sortira au Moyen-Orient en octobre prochain et probablement le 6 avril aux États-Unis. Mais hier, le cinéaste avait juste le goût à nouveau de remercier un homme… Wajdi Mouawad. «Je lui serai toujours redevable, car ce sont au point de départ ses idées, sa matière première. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir fait ainsi confiance et de m’avoir transmis la plus belle histoire que j’ai jamais entendue. Incendies n’est pas un film sur la violence et l’horreur, mais un film sur la famille et une histoire de coeur», conclut sagement et fièrement Denis Villeneuve. À 12 ans, le jeune Denis Villeneuve avoue avoir rêvé à son Oscar à Hollywood. Puis, il est devenu adulte, et il a préféré réaliser sa vie de cinéaste, «un rêve qui le rapprochait le plus du monde» dit-il. Et si Incendies faisait le pont entre ces deux rêves ?
*À noter que parmi les films que le Canada aurait pu choisir, il y avait entre autres : Les Amours imaginaires de Xavier Dolan, Le Journal d’Aurélie Laflamme, L’Enfant prodige, Filière 13, Le Baiser du barbu, Cabotins, Piché : entre ciel et terre.
Source: Canoë