intégrante de notre culture populaire qu’il n’est pas facile de trouver
une excuse valable pour le faire renaître.
Oliver Stone, en nous livrant cette suite qui n’en est pas une, n’est
qu’à moitié convaincant. On retrouve donc le courtier à sa sortie de prison. Personne ne
l’attend, il ne lui reste rien de sa gloriole passée. Parallèlement,
Jake Moore (un Shia LaBeouf un peu falot) sort avec Winnie
(Carey Mulligan), la fille de Gekko. Jeune loup de Wall Street, il est dévasté quand son mentor,
patron et
père de substitution Louis Zabel (Frank Langella), se suicide après
l’effondrement boursier de 2008. Entre en scène le redoutable Bretton
James (Josh Brolin, solide) qui a bien l’intention de continuer à faire
fortune sur des cadavres (réels et de compagnies d’investissements). À grands coups de reflets de télévision dans les pupilles, d’écrans
scindés en deux puis en trois, de montages serrés sur les parures des
dames de la haute société, Oliver Stone nous dresse un portrait effarant
de la réalité financière actuelle. Les scénaristes Allan Loeb et
Stephen Schiff prennent également grand soin de vulgariser l’information
financière de manière à ce que tous puissent suivre la déroute du
système américain.
Mais c’est peut-être un peu trop. Sans doute déçu que les cinéphiles
n’aient pas saisi le message subtil du premier volet, Oliver Stone en
rajoute. C’est ainsi que Susan Sarandon incarne la
mère de Jake Moore. Ancienne infirmière, elle s’est reconvertie en
spéculatrice, achetant et vendant des maisons avec autant de facilité
que s’il s’agissait de paires de chaussettes. On a aussi droit à quelques petites phrases-chocs bien senties (« La mère de tous les vices est la spéculation »). Bref, à moins de dormir pendant la projection, on ne rate pas le message
: l’argent est mauvais, c’est un cancer, le fait d’en vouloir de plus
en plus est un crime et rien de bon ne sortira jamais du système. Je
schématise à peine.
CLICHÉS CONVENUS
Résultat, ce Wall Street, l’argent ne dort jamais n’est pas à
proprement parler un mauvais film (ce serait difficile compte tenu du
talent de toute l’équipe qui en est responsable), mais on est loin de Né un 4 juillet ou de Platoon, films pour lesquels Oliver Stone avait remporté une statuette aux Oscars. Quelques rebondissements inattendus sombrent rapidement dans le cliché
et la morale américaine
convenue. Ces manques n’empêcheront pas les fans du premier film de se
ruer en salle et les coûts de production de 70 M$ seront
vraisemblablement rapidement rentabilisés. Ceux qui voudront un long métrage plus solide se dirigeront vers
Capitalisme, une histoire d’amour, le pamphlet assassin de Michael
Moore.
Source: Canoe