ses actions ont chuté. Deux
ans dans la vie d’une vedette, c’est autant qu’une vie entière. Il y a
désormais des amateurs de film qui ne savent rien de lui, sauf que c’est
un gars qui ressemble à Zach Galifianakis et
qui se pointe gelé au Late Show de David Letterman. Après avoir mis tant d’effort à faire ce film tout de même efficace (du genre Borat en plus plausible) qui fait état avec brio du monde irréel dans lequel évoluent les célébrités et qui
joue justement avec la crédulité du spectateur, pourquoi Affleck lève-t-il le voile sur la mise en scène?
Ça me dépasse. Je dis cela après avoir vu I’m Still Here lors du
Festival international du film de Toronto et y avoir moi-même cru (tout
comme Roger Ebert). Après tout, je suis de ceux qui ont cru pendant
quelques jours que Brüno avait réellement assailli Eminem lors des MTV Awards 2009. Quelqu’un veut me vendre un aspirateur? Donc, à moins qu’Affleck ne mente à propos d’avoir menti (une option
possible, d’autant plus que Phoenix s’est peut-être dégonflé à l’idée
d’être perçu pour le reste de sa vie comme pathétique
drogué), cette révélation a anéanti une de mes théories les plus
plausibles : que le film était en fait un cri d’alarme un peu comme la
vidéo du « drunken hamburger » diffusée par la fille de David Hasselhoff.
Il faut se rendre à l’évidence : il ne s’agit ici que d’une parodie du vedettariat, une farce sur les adeptes de tmz.com, Entertainment Weekly et les pages culturelles des journaux. Mais en tant que simple satire, ce film devient insignifiant et
superficiel. Personne ne fait réellement les frais de cette parodie,
sauf Phoenix (quoique l’on sait maintenant qu’il faisait
semblant d’aspirer des kilos de poudre blanche, de s’amuser avec des
prostituées et de vomir) et peut-être Sean « P. Diddy » Combs qui s’occupe
brièvement de la carrière de rappeur de Sheperd Phoenix dans le film.
Si l’on considère I’m Still Here comme une audition pour un film
sur la destruction d’une vedette, ça fonctionne assez bien (bien que ça
ne vaille pas deux ans de perdus dans la vie
d’un acteur). La désormais célèbre entrevue de 2009 avec Letterman est dans le film.
Mais le plus savoureux,
c’est la séquence juste après l’émission, filmée dans un bosquet de
Central Park, dans laquelle Joaquin Phoenix fond en larmes et se défoule
en blâmant son agent de son infortune.
Source : Canoë