Ça n’a pas fait la manchette. Même que la
nouvelle s’est retrouvée en page 21 du Journal de Montréal. Mais en réalité, si
moindrement un journaliste du quotidien avait eu, et son chef de pupitre itou,
des éléments basiques de droit, ils auraient fait la Une avec cette
nouvelle : « Au Canada, désormais les prostituées ont le champ libre ». Je vous explique. Au départ, ce sont trois
torontoises qui pratiquent le plus vieux métier du monde. Et en plus elles se
décrivent comme féministes. À bien regarder, ce n’est pas incompatible.
Elles
en avaient marre d’une certaine tolérance dans les faits concernant la
prostitution sauf qu’en même temps, la loi interdit la sollicitation et par
conséquent la publicité des actes sexuels. Grande hypocrisie, car tous les
journaux ont une section de messages coquins. Même que ces publicités sont
vendues plus chères que les autres. Comme quoi tout le monde en profite. Je me
rappelle Pierre Paquet et les cofondateurs de l’hebdomadaire Voir qui, dans les
premières heures de la publication, se défendaient aux grands dieux de ne
jamais céder aux sirènes de ces recettes publicitaires dites dégradantes. Et
ils sont passés au cash, quand même. Le cul, ça rapporte. La demande dépasse
l’offre. Même le Messager de Verdun en passe à l’occasion. C’est vous dire.
RETOUR À NOS BELLES DE NUIT
Donc, les trois dames précitées se présentent
en Cour supérieure de l’Ontario pour casser cette prohibition de la sollicitation.
Elles ont soutenu, pour leur défense, que cela représente, et je cite :
« des atteintes à leurs droits constitutionnels, à la sécurité personnelle
et à la liberté d’expression ». En clair elles disaient au juge :
« OK, vous ne voulez pas qu’on harponne le client et qu’on ouvre des
maisons closes. Mais en même temps, vous nous poussez à faire le trottoir et à risquer
de tomber sur des malades mentaux. Vous risquez nos vies, avec vos lois ».
Les avocats du gouvernement Harper ont crié haut et fort (ils vont en appel,
bien sûr) que si le tribunal donne raison aux putes, cela « constituerait
une menace pour la société ». La juge leur a clos le bec, alouette en
affirmant : « Je considère que le danger auquel s’exposent les
prostituées pèse beaucoup plus lourd dans la balance que tout préjudice
potentiel pour la société ». Donc, le jugement est exécutoire dans trente
jours. Si la décision est confirmée en appel, elle aura droit de cité pour tout
le Canada.
J’OUVRE MA BOITE
Je vous le dis. Si jamais l’ouverture des
bordels est permise, je songe sérieusement à me partir une chaîne de baise
rapide. Je m’explique. Les sexologues prétendent qu’après trois ans, le désir
se raréfie dans le couple, au point de devenir inexistant. L’homme qui est
toujours aux prises avec son taux de testostérone ne va quand même pas se
l’entortiller pour que l’organe ne se dresse plus. C’est là que mes franchisés
vont leur rendre service. Pas beaucoup d’investissement, et quelle rentabilité.
De jolies dames, dans d’affriolantes tenues, vont pouvoir soulager toutes les
tensions possibles afin que l’homme puisse rentrer à la maison et se présenter
sous un jour aimant. Ainsi, madame, qui ne subira plus les assauts du mari,
pourra se vanter auprès de ses voisines que son mari la respecte. Et l’honneur
sera sauf. Après tout, va-t-on remettre un ménage en question pour une simple
question de transmission des fluides, d’un frotti frotta rapido presto?
Et enfin, des revenus pour le gouvernement!
Qui n’en a jamais assez pour payer les fraudeurs du BS, les milliers de
fonctionnaires de la santé et quoi encore. J’y songe, d’autant plus qu’on dit
volontiers que l’Homme contemporain sera appelé à exercer quatre fonctions
différentes au cours de son existence. J’en suis justement rendu à ma
troisième. Et puis mes pubs bien fignolées passeront à la télé les jeudis,
vendredis et samedis soirs, avec une bande passante qui affichera le numéro de
téléphone pour commander sa fille comme on commande une pizza. Avec des
fantasmes simples ou all dressed.
Faites pas les choqués, vous êtes tout
simplement hypocrites. Et la justice vient de donner raison aux lois de la
nature. J’applaudis à deux mains. Notre époque est vraiment formidable.
Les
opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement
celles de lametropole.com.
Daniel Rolland