Pacifique, Vancouver, ont toujours été un aimant puissant pour des
générations successives de jeunes Québécois qui se trouvaient à l’étroit
chez eux, pour les jeunes rêveurs persuadés qu’il y avait plus de vie
ailleurs. La jeune Marie (Mirianne Brûlé, convaincante et émouvante dans ce rôle)
est de ceux-là. Ses parents s’arrachent les cheveux : elle est bien trop
jeune, naïve, démunie… Son père (Germain Houde) lui jette l’anathème :
« Si tu pars comme ça, ne reviens plus ».
C’est ça, le Québec, et Papineau met le doigt dessus dès le début du
film : pour les Québécois, le territoire où ils sont majoritaires (la
patrie, quoi) est ce qui les définit. Partir est pour eux une rupture
plus déchirante que pour d’autres : hors du Québec, point de salut…. Elle part quand même, et le film montre comment une jeune Québécoise
unilingue va prendre la mesure
de la vraie vie et se découvrir elle-même dans un environnement qui lui
est totalement étranger, même si elle n’a pas quitté son propre pays.
Elle va voir ailleurs si elle y est et finit par s’y trouver. Belle
histoire…
UN FILM INDÉPENDANT
budget très réduit. Cela paraît un peu, mais pas vraiment : le récit est
bien mené, le montage est alerte, la caméra est
sensible et, à certains moments, sur les pentes de ski, spectaculaire. L’étude de société est pertinente, mais discrète : le milieu des ski
bums, ces jeunes qui travaillent le jour pour pouvoir skier le soir et
fêter la nuit, est cosmopolite et multiculturel. Les Québécois n’y sont pas plus des étrangers que les autres. Ils sont
des individus… Mirianne Brûlé, Jessica Malka et Dany Papineau rendent
bien l’état d’esprit de cette génération : tout a été fait, essayé, dit,
exploré, accompli avant eux.
Le seul territoire qu’il leur reste à conquérir, à domestiquer et
à défricher est en eux-mêmes.
Ces jeunes Québécois qui s’arrachent de leur environnement et partent
ailleurs pour « apprendre l’anglais » ne sont pas perdus pour la patrie,
comme on le craignait. Au contraire : ils reviennent, « avec un sac de pays sur leur dos », comme
dit Vigneault. Comme Dany Papineau : parti étudier l’anglais en BiCi
pour trois mois, il revient, après huit ans, avec une
belle histoire à raconter.
Source : Canoë