Jolie récupération. À grand renfort de publicité, on annonce
que dans l’édition de samedi du Journal de Montréal on insérera un cahier de
seize pages sur le Frère André. On vous dira tout sur ce petit frère, humble
d’entre les humbles, qui faisait des miracles à profusion. Autrefois, c’était
Maria Goretti. Ensuite, tout le battage orchestré par les pères de Sainte-Croix
(qui ne sont pas en odeur de sainteté ces temps-ci) et l’archevêché de Montréal
qui tiennent le filon. Paraîtrait que les dons arrivent par poignées à
l’Oratoire.
Je me mets à la place des personnes d’autres confessionnalités qui
lisent le quotidien, ou athées, ou agnostiques. Mais qu’est-ce qu’ils en ont à
foutre du Frère André?
LA TÉLÉVISION PAS ENCORE VIDÉE DE RELENTS CATHOS
Le matin à TVA, la première chose que vous voyez le matin
dans la programmation, ce n’est pas Salut bonjour, mais plutôt La Victoire de
l’amour, une plage horaire contrôlée par des abbés vendeurs de médailles et de
bracelets porte-bonheur. On propose même une luxueuse croisière spirituelle à
bord d’un grand paquebot. C’est le fun, tu vas à la messe le matin dans une
pseudo chapelle et puis après, t’enfiles ton maillot et tu vas faire des
brassées avec Sœur Angèle qui rit pour rien, encore plus si vous lui envoyez de
l’eau à la figure. Vous n’allez pas la manquer, elle est du voyage.
Entre deux
« plugs » de vente, vous avez un bon vieil abbé genre mononcle, qui vous explique un passage
des Écritures. C’est pissant. Non, mais est-ce bien Jésus qui avait chassé les
vendeurs du Temple? Bien Seigneur, ils reviennent et pire, en ton nom. Le
dimanche matin vous avez toujours, cette fois à Radio-Canada, le Jour du
Seigneur, qui bat des records de longévité (Bobino ne lui a pas survécu). Et
même en HD, c’est toujours aussi plate. Et à Montréal, le samedi vers 16 h et
le dimanche matin, la ville aux cent clochers (il y en a en réalité le double)
fait entendre ses cloches.
Vous me direz en quoi cela me dérange. Ça me donne
des démangeaisons pour la simple et bonne raison qu’à notre époque de
multiculturalisme, où Ville LaSalle a une sacrée gangs de Sikhs, que Verdun
compte une communauté de Coréens, que les Haïtiens sont récupérés, eux, par les
évangélistes et ne fréquentent pas l’église catholique. Et je ne cite que
ceux-là. Comment peut-on supporter autant de manifestations catholiques en
ville, surtout dans les médias? Vous ne voyez pas le rapport? OK; inversons la
chose.
Imaginons que demain matin vous avez, à la place du mononcle à TVA, un Imam barbu qui vienne vous lire des extraits du
Coran, en arabe sous-titré dans la langue de Molière, et qui vous propose une
croisière sur les traces de Mahomet (pas d’alcool à bord du navire). Puis, au
lieu des cloches de nos églises, il y aurait plein de minarets avec la voix du
muezzin qui se répercuterait par les hauts parleurs nous invitant cinq fois par
jour à la prière? Et dans l’édition du Journal de Montréal, un cahier à
colorier de seize pages sur la vie de Mahomet pour les enfants. Vous seriez en…
Christ!
Voilà la raison pour laquelle nous n’avons pas vraiment
suivi le courant d’une société moderne. En passant, avez-vous votre chapelet
signé Ginette Reno?
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com
Daniel Rolland