Il n’y a que ce jeune voyou qui soliloque près d’elle à
longueur de nuit avec qui elle ressent une inquiétante complicité. Elle n’a
plus de passé et n’est pas pressée de retrouver celui qui était le sien, le
soupçonnant truffé de déceptions et d’erreurs. Les premières parcelles que sa
mémoire lui rend sont des extraits de poèmes qu’elle reconnaît aisément sans
pour autant décoder le moindre lien avec son passé. Par contre, elle sait
exactement ce que sa vie doit être désormais. Ce qu’elle est prête à donner, ce
qu’elle est prête à recevoir.
Dixième
roman de Marie Laberge, paraissant exactement vingt et un ans après Juillet,
Revenir de loin marque un jalon dans sa production romanesque. Elle y reprend
tous les grands thèmes qui parcouraient ses œuvres précédentes, mais en les
portant plus loin qu’elle ne l’a jamais fait. L’exigence amoureuse,
l’importance de la vie des sens, les relations mère-fille, le deuil, le rôle rédempteur
de l’art, la recherche sans compromis de la vérité, tous ces motifs se
retrouvent ici exaltés dans un des textes les plus émouvants qu’elle nous ait
donnés. Comme toutes les œuvres de Marie Laberge, mais à un degré supérieur,
peut-être, Revenir de loin est un hymne à la vie pleinement choisie, pleinement
vécue et pleinement assumée.
Marie Laberge est dramaturge et romancière. En trente-cinq ans de carrière, elle s’est gagné un vaste auditoire aussi bien
au Québec qu’en France.