Ce qui m’a indigné, c’est la lettre ouverte
de Charles Dussault, qui est le président de la fédération des médecins résidents
du Québec. Une lettre qu’il a adressée au ministre de la Santé Yves Bolduc, et
dont la copie a été envoyée aux médias. Le jeune médecin remet les pendules à
l’heure et en a marre d’entendre que le Québec manque de médecins. Il y en a,
au contraire. Mais c’est le ministère de la Santé et son égaré de ministre de
tutelle qui ne leur donnent pas de débouchés au sortir des universités.
Monsieur Dussault rappelle qu’il y a au Québec pas moins de 120 établissements
qui ont besoin de médecins. Il nous apprend, tenez-vous bien, que depuis 2008
on n’a ajouté aucun poste en spécialité. Et rien ne bouge depuis. Le
paradoxe, c’est qu’on a augmenté les admissions en médecine, mais aucune
possibilité d’obtenir un poste à la fin de la formation. Pour donner un exemple
de l’aberration du système en place, il cite le cas des obstétriciens
gynécologues pour lesquels il n’y a que 13 postes disponibles pour 36
postulants.
En cancérologie, seulement 21 postes pour 33 nouveaux
hémato-oncologues. En cardiologie 21 postes, pour 44 qui ambitionnent de faire
carrière dans leur domaine. En chirurgie cardiaque, 7 diplômés et aucun poste.
Le docteur Dussault est en furie et considère que de toujours remettre à demain
est inacceptable.
UNE GOUVERNANCE DISCUTABLE
Là, le docteur Dussault nous cite quelques
exemples. Et la liste pourrait s’allonger. Qu’est-ce qu’on vous répond, à
l’urgence, quand vous êtes quinze en attente? Qu’il n’y a qu’un seul médecin
pour la soirée et qu’il est parfois mobilisé quand arrive des ambulances inattendues.
Ce système ne peut fonctionner de cette façon. Un spécialiste de la santé, un médecin
d’origine roumaine, me racontait que c’est un grave problème dans les hôpitaux
francophones du Québec, on ne respecte pas l’autorité. Et qu’il faut passer son
temps à faire approuver tel protocole de travail.
Autrement dit, trop de chefs
et pas assez d’indiens. Tandis que dans les hôpitaux anglophones, on a encore
le respect de la hiérarchie. Le supérieur en place est reconnu par ses pairs
pour sa compétence. Il décide, et les autres exécutent les ordres. Ici, chez
les francophones de souche, si quelqu’un s’avère vouloir prendre une
initiative, mon dieu il reçoit une pluie de reproches genre : « Mais
de quel droit tu as pris une initiative sans nous consulter? » On
n’est pas sorti de l’auberge. Pour revenir à la formation des médecins, compte
tenu que la pénurie est hallucinante, que le ministre Bolduc cesse de regarder
dans le vide et qu’il écoute la relève en médecine. Des médecins on n’en manque
pas, c’est qu’on n’en embauche pas…
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne
reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com
Daniel Rolland