Le Service de police de la Ville de Montréal
a fait savoir qu’en mars 2011, une première flotte de 250 voitures comprendra
un système GPS intégré aux ordinateurs portables qui se trouvent à bord. Puis,
à la fin de l’année, ce seront 350 autres véhicules qui seront équipés de cette
façon. On croit qu’ainsi, les agents de la paix seront mieux protégés. L’idée a
surgi lors de l’assassinat du policier Benoît L’Écuyer, abattu par un chauffard
en fuite sur l’autoroute 40. C’était en février 2002. La Commission de la
sécurité et de la santé au travail en avait fait même une recommandation.
DES KÉPIS FLUO, PEUT-ÊTRE?
Je n’ai rien contre le principe que nos
policiers soient très bien protégés dans un monde de fou, où il peut arriver
n’importe quoi. Mais je crois qu’en période de restriction budgétaire, cette
dépense n’est pas justifiée. Et je m’explique. Car on parle quand même de 100 M$.
C’est beaucoup de rouleaux de vingt-cinq sous, ça. Je suis contre, dans le
contexte actuel de nos finances publiques. Car n’oublions pas que les policiers
sont quand même très bien pourvus en équipement radio. D’abord dans la voiture
de patrouille, et en version mobile, portée à l’épaule. Imaginons que le gars
ou la fille se retrouve seul(e) dans l’auto et qu’il ou elle se sente
menacé(e).
L’agent peut immédiatement se saisir de sa radio et appeler des
renforts. Si l’agresseur se met à tirer à bout portant en direction du
policier, je me demande en quoi la petite puce GPS va mieux le protéger. Ou
encore une situation où un agent procède à une vérification, et que dans son
dos, un petit malin lui plante un coup de couteau. Que va faire de plus le GPS?
Soyons cyniques, le SPVM saura au moins où récupérer sa voiture. Tant qu’à
l’agent, canardé à coups de 38, ou bien il sera blessé sérieusement, ou bien
parti pour un monde meilleur.
Ou encore, si l’agent se rend sur un appel
considéré à risque, le poste de quartier connaît déjà l’adresse de la
destination. Pas besoin de GPS. À moins d’être assez nono pour ne pas savoir où
se trouve l’intersection des rues Amherst et René-Lévesque. Pour toutes ces
raisons, cette dépense est un luxe criard qui n’est pas de mise présentement.
Je vais vous dire maintenant à quoi peut être mieux utilisé un 100 M$ bien
investi.
VERS LE SCOLAIRE
C’est à l’école que les problèmes sont les
plus criants. Vous avez vu les manchettes en début de semaine? Plus de 60
% des garçons ne finissent pas leur secondaire. On crie de stupeur. Moi, ça ne
m’étonne pas. Charest est allé lâchement blâmer les parents, sans regarder dans
la propre cour de son système d’éducation. C’est certain que les parents ont un
rôle à jouer pour ce qui est d’inculquer des valeurs de société. Mais que
connaissent-ils des programmes scolaires qui, je ne le répéterai jamais assez,
sont ARCHI-PLATES.
Quand vous avez à ce point un nombre de
décrocheurs, c’est que le produit, ou les messagers chargés de l’enseigner,
sont ennuyeux comme la pluie. Puisqu’il y a cent millions de disponibles pour
les petites polices qui ne font plus beaucoup peur, pourquoi ne pas prendre cet
argent et sortir nos jeunes et les amener faire des visites industrielles,
visiter des musées, aller au concert, voir du théâtre, rencontrer des policiers
au poste, des pompiers dans leurs casernes, des gens de la construction. Ce
sont les meilleurs instructeurs de vie qui soient.
Car si on ne trouve pas de
quoi éveiller la curiosité de ces jeunes et leur donner un idéal, ils iront
rejoindre les armées de gangs de rue où ils feront primo de l’argent, et
où ils défouleront leur rancœur, avec passages obligés dans des centres
d’accueil, terreau de la violence par excellence. Et là, ce n’est plus cent
millions qu’il faudra pour équiper nos policiers pour affronter ces nouveaux
enragés, mais tout un équipement militaire dernier cri avec lance-flamme sur le
toit de la voiture et tuyau d’expulsion de gaz lacrymogène à côté du tuyau
d’échappement. Faites votre choix.
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne
reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com
Daniel Rolland