Transports Sam Hamad, vendredi en fin d’après-midi, le maire de Montréal a fait savoir aux médias que le projet bonifié jouissait désormais de l’appui de tout l’exécutif. « Tous les membres du comité exécutif sont
solidaires de
cette décision », a fait savoir le maire. Selon ses dires, le projet d’échangeur a été
« considérablement amélioré » pour tenir compte des revendications des
Montréalais, particulièrement au chapitre du transport collectif, de la hauteur des
remblais, de
l’aménagement urbain et du nombre d’expropriations nécessaires pour
reconstruire le tout.
« Le projet qui a été présenté aujourd’hui n’est
pas le projet qui était sur la table à dessins » auparavant, a-t-il assuré. Le design du projet demeure confidentiel jusqu’à sa
présentation officielle par le ministère, mardi prochain. On sait cependant
qu’il prévoit encore des remblais, mais moins hauts que prévu à l’origine. Une
voie réservée est maintenant prévue pour le transport en commun, mais elle
inclura le transport par voiture ayant au moins deux passagers. Le maire faisait pourtant partie de la coalition qui
avait présenté en avril dernier une solution de rechange, plus audacieuse et plus coûteuse,
un modèle circulaire.
Mais comme c’est le ministère des Transports du Québec
qui doit payer pour la reconstruction de l’échangeur, et que le ministère prône un
projet beaucoup moins ambitieux et coûteux, le maire et le reste de l’exécutif se sont
rangés, se disant qu’ils pourront toujours continuer à l’améliorer d’ici un an. « C’est le projet du gouvernement du Québec, qui
est financé à cent pour cent par le gouvernement du Québec. Le conseil des
ministres a déjà approuvé les deux décrets. Le projet va de l’avant. Nous avons
décidé que c’était mieux qu’on ait un projet et d’accompagner le gouvernement
pour continuer à le bonifier au cours de la prochaine année », a résumé le maire
Tremblay.
Si l’exécutif peut aujourd’hui être solidaire face au
projet bonifié, c’est que le chef d’un des partis d’opposition, Richard Bergeron, de Projet Montréal,
s’est fait montrer la porte de
cet exécutif par le maire, jeudi, justement parce qu’il refusait de se rallier. M. Bergeron
a d’ailleurs rencontré la presse, en matinée, avant la présentation du projet
par le ministre Hamad, pour affirmer que c’est plutôt le maire qui avait lâché
la coalition et avait préféré retrouver sa famille libérale. Le maire de Montréal a déjà été
député libéral et ministre de
l’Industrie et du Commerce de
1989 à 1994.
« C’est cette unanimité politique montréalaise que
brise Gérald Tremblay en se ralliant à la dernière évolution du mauvais projet
du MTQ. Gérald Tremblay rejoint, par le fait même, sa famille politique à
Québec. Gérald Tremblay est fidèle à sa famille politique à Québec plutôt que
d’être fidèle aux Montréalais », a tonné M. Bergeron. Le chef de Projet Montréal a égratigné tant le projet du ministère
que le ministère lui-même. « D’une certaine manière, le MTQ va agir en
cowboy à Montréal et celui qui officiellement est le shérif de Montréal se déclare
absent et se met plutôt du côté du cowboy », a-t-il lancé avec sarcasme.
M. Bergeron
a prévenu que le combat contre le nouveau projet d’échangeur Turcot ne faisait
que commencer. Il affirme avoir plusieurs alliés dans sa lutte contre ce projet
d’échangeur. « Le combat Turcot n’est pas terminé; il ne fait
que commencer. Moi, je retrouve mon droit de parole complet. Je n’ai plus de devoir de solidarité avec
quiconque, sinon avec les membres de ma formation politique. Et je l’avais dit à
Gérald Tremblay: on va s’entredéchirer sur la place publique, ça ne sera pas
joli. Et si vous croyez que ça va renforcer Montréal, vous vous trompez »,
a-t-il averti.
HAREL
De son côté, la chef d’un autre parti d’opposition,
Louise Harel,
de Vision
Montréal, s’est dite déçue du projet revisité. Contrairement à M. Bergeron, elle a
attendu de
voir le nouveau projet du ministère des Transports avant de le rejeter ou de le critiquer. Après la présentation, elle a avoué sa
« déception » puisque les conditions qu’elle jugeait « non
négociables » n’y sont pas. « Il ne doit pas y avoir de remblais, des
remblais qui atteignent un troisième étage, presque 24 pieds, et qui seraient
comme un mur qui va isoler les populations dans Côte St-Paul et St-Henri. Non à
l’expropriation évidemment et, également, augmentation du transport en commun.
Pour toutes ces raisons, vous comprendrez notre grande insatisfaction », a
résumé Mme Harel.
Elle admet qu’il n’est pas question non plus de revenir avec le
coûteux projet d’échangeur circulaire, que le ministère avait rejeté, et elle
semble vouloir tenter de
trouver un modus vivendi. « Le ministère a encore pas mal de devoirs à faire pour
simplement rencontrer un minimum de satisfaction de la population », a-t-elle opiné.