L’industrie cinématographique québécoise étant ce qu’elle est, l’histoire du héros, le commandant du fameux vol 236 d’Air Transat qui a atterri en catastrophe aux Açores le 24 août 2001, arrive sur nos écrans presque dix ans plus tard. Le financement a tardé et le projet a même failli être abandonné, s’il n’avait pas été de la ténacité du producteur batailleur de chez Pixcom, André Dupuy.
LE PLONGEON
Ian Lauzon, le scénariste, a eu la lourde tâche de réécrire le scénario en quelques semaines avec un budget de 7 M$. Il a opté pour le passé tortueux de Robert Piché. L’ex-prisonnier est dévoilé. Il ne le supportera pas et il choisira la bouteille comme refuge. Une thérapie le sauvera. Manquant de moyens, les scènes du passage entre le passé et le présent sont parfois abruptes. On s’y perd un peu. Mais la force des scènes et le jeu impressionnant des acteurs ramènent vite le cinéphile dans l’action. On note alors la performance de Maxime LeFlaguais qui nous montre avec justesse à quel point Robert Piché a souffert en prison. Dix mois de sa vie à devoir affronter le mal, une période que lui a ramenée en pleine face son atterrissage héroïque.
Le film nous offre un voyage dans la vie, la peur de la mort, la force du mal, la victoire du bien et celle de l’espoir. Les scènes qui dépeignent les séances de thérapie de Robert Piché, six mois après son sauvetage héroïque, sont habilement rendues par Michel Côté et Normand d’amour. Il faut de l’expérience pour jouer le silence. Or, c’est tout à fait réussi. Les actrices Sophie Prégent et Isabelle Guérard de même que Sarah-Jeanne Labrosse offrent aussi de belles performances.
ARCHAMBAULT AUC COMMANDES
Mais là où Sylvain Archambault montre tout son talent comme réalisateur, c’est définitivement ces 30 minutes du vol no 236. Il ne faut jamais oublier que les Américains auraient eu des millions pour offrir cette scène sur grand écran. Or, lui, il s’est entassé avec 190 figurants dans un hangar d’Air Transat pendant trois jours avec un Airbus 330 à sa disposition. Et voilà qu’on vit chaque seconde du vol 236. L’émotion est définitivement au rendez-vous. C’est du bon cinéma.
On sent la tension réelle dans ce cockpit. Michel Côté et Vincent Leclerc, ce dernier campe le rôle du copilote, nous offrent des scènes palpitantes. Et c’est ainsi que neuf ans plus tard, le commandant Robert Piché retrouve ses lettres de noblesse et son titre de héros devant nous, avec nous, au cinéma. On atterrit littéralement cet avion avec lui. C’est la victoire de la vie. Une histoire vraie qui finit bien. Il est rare que le cinéma a l’occasion de nous offrir de tels messages.
* Le film Piché : Entre ciel et terre maintenant disponible en DVD et sur Illico.
Source : Canoë
