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Le malheur des uns fait le bonheur…

«Jusqu’à octobre 2009, nous étions
en tournée, puis tout s’est arrêté
d’un coup. On était comme dans un
TGV, tout allait super vite et puis
on s’est lancé hors du train. Ça a
pris du temps pour récupérer de
cette tournée. Il fallait faire des
chansons et nous ne disposions que
de quelques maquettes. Nous avons
réalisé que c’était pas mal d’ouvrage
quand t’as rien de composé, ni
musique ni texte», dit-il, confessant
que le couple voyait venir de loin la
lourde tâche d’offrir un successeur
digne de ce nom à son premier
disque acclamé par le public et
la critique.

«Il y a une phrase qu’on se disait:
on ne voulait pas rentrer dans le
cliché du deuxième album et se
dire que ça serait difficile. En fin
de compte, c’est plutôt le cliché du
deuxième album qui nous est rentré
dedans. On croisait des gens qui
nous disaient: « Ça doit être dur, le
deuxième, je ne voudrais pas être à
votre place. » Il y a effectivement eu
un petit bout difficile au début. On
voulait quand même insuffler de
nouvelles idées, ne pas refaire
le même album. On a exploré
différentes avenues. Puis, on a
pris notre erre d’aller.»

LE MALHEUR TROP PRÉSENT

La première pièce, Phénix, nous
ramène l’énergie et le groove qui
sont la marque de commerce d’Alfa
Rococo, mais avec une facture plus
électronique, un son plus mordant,
clame David Bussières. Le duo n’a
cependant pas négligé l’écriture. «En faisant des spectacles, on
s’est rendu compte qu’on aimait les
chansons avec des textes sombres
sur une musique dansante, groovy.
Comme Plus rien à faire sur Lever
l’ancre
. C’est un aspect qu’on aimait
et on voulait exploiter davantage
l’extrême de l’un et l’autre avec
des textes encore plus sombres.»

Ces textes, celui de la chanson-titre
en particulier, sont le fruit
des observations de Justine et de
David sur la société. «Le malheur est très présent dans
notre société, plus que le bonheur.
On passe beaucoup de temps et on
investit beaucoup d’énergie à
chasser le malheur. Pour vivre une
expérience qui nous sort de notre
quotidien, il faut avoir les sous pour
le faire. Donc, il faut travailler
davantage. C’est un cercle vicieux.
Plus tu travailles, plus tu as besoin
de décrocher de façon intense.»


GAINSBOURG

Le duo a aussi inclus sur l’album
Le poinçonneur des lilas, une
chanson de Serge Gainsbourg
qu’Alfa Rococo jouait depuis un
certain temps sur scène. «Mais on ne s’était jamais attardé
au texte. Un jour, on s’est retrouvé
dans le métro de Paris à la station
des Lilas. C’est à ce moment qu’on a
porté attention au texte. Ça traite du
travail à tout prix, du fait qu’on n’a
pas le temps de vivre. C’est une
chanson de 1958, mais elle cadrait
parfaitement dans la thématique
de l’album», dit Bussières, ajoutant
qu’Alfa Rococo avait encore une
fois produit lui-même le disque. «On y tient beaucoup. Bien sûr, on
a une équipe avec nous, mais à la fin,
on a un droit de veto sur tout. Pour
nous, c’est essentiel. Tant qu’on
pourra le faire, on continuera.»

UNE ÉQUIPE EN FRANCE

À l’aise sur scène, Alfa Rococo y
retournera à compter du 19 février
et se paiera alors une tournée du
Québec. Quant à la France, elle fait
toujours partie des plans. «Pour l’instant, on se concentre
sur le lancement. Dans la semaine
suivante, on fera le point. Avec le
premier album, on a mis la table.
On s’est monté une petite équipe
en France, on s’est fait des contacts
et des chansons ont joué à la
radio. C’est certain qu’on veut y
retourner.»

Source: Canoe