En fin de journée, plus de 20 000 signataires avaient donné
leur appui à l’initiative, du jamais vu dans la courte histoire des pétitions
électroniques administrées par l’institution parlementaire. L’accès au site Internet de l’Assemblée nationale était par
moment impossible, plusieurs tentatives s’avérant nécessaires avant de voir
apparaître la page demandée. L’initiateur du projet, un préposé aux
bénéficiaires de
36 ans, a attribué ce résultat au ras-le-bol de la population envers le bilan des
derniers mois du gouvernement.
« C’est clair que, dans mes livres à moi, je
ne suis pas tout seul à avoir eu ce feeling
là et comme je l’ai dit, les gens sont tannés de subir et ils veulent s’unir »,
a dit Steve Brosseau lors d’une entrevue téléphonique. M. Brosseau, un résident de la région de Montréal, a affirmé lundi que l’idée
de
cette pétition, qui sera accessible jusqu’en février, lui était venue il y a
deux mois. « Les allégations de corruption, de collusion dans la construction et
dans les garderies ou dans la nomination des juges, ça sortait à qui mieux
mieux dans les médias et personne ne faisait rien, a-t-il dit. On ajoute à ça
les gaz de
schiste et tout le budget 2010, ça devenait urgent de faire quelque chose ».
M. Brosseau n’a pas fixé d’objectif mais il a
affirmé qu’il sera satisfait si la pétition atteint 50 000, 100 000 noms ou
même davantage durant la période de trois mois où elle sera accessible en
ligne. « Plus on va avoir de membres (sic), plus ça va
représenter la grogne populaire, plus ça va prouver qu’un simple citoyen peut
changer la donne, peut changer les choses, a-t-il dit. C’est pas vrai que le
Québécois est né pour subir les attaques répétées d’un gouvernement sans
scrupules ». Le texte de la pétition dénonce le refus de M. Charest
de
mandater une enquête publique sur la construction, de décréter un moratoire sur le
développement des gisements de gaz de schiste et de négocier les dispositions contenues dans le dernier budget.
Au chapitre des griefs, M. Brosseau en a contre les
politiques fiscales du gouvernement et le gaspillage de fonds publics, dont par exemple la
commission sur la nomination des juges, présidée par Michel Bastarache. « Ç’a été une dépense d’argent inutile, a-t-il
dit. Tu regardes à l’autre bout quand tu travailles à 30 000 $ par année et
qu’eux-autres en dépensent des millions pour des niaiseries de la sorte ». L’Assemblée nationale administre des pétitions
électroniques depuis le printemps dernier seulement et aucune n’avait jusqu’ici
connu un succès tel que celui constaté lundi.
Une pétition réclamant une enquête sur la
construction avait recueilli 42 200 signatures en ligne mais sur une période
beaucoup plus longue. M. Brosseau est un habitué des initiatives
électroniques à saveur politique après avoir notamment créé une page Facebook
opposée au dernier budget provincial qui a recueilli l’appui de 30 000
membres en un mois, au printemps dernier. Il a ensuite créé un regroupement, le Mouvement
citoyen national du Québec, dont certains membres ont participé à des
manifestations contre le budget du ministre des Finances, Raymond Bachand.
Mais petit à petit, le découragement a gagné cinq
des sept administrateurs du mouvement et M. Brosseau a voulu trouver un nouveau
moyen de
pression, d’où la pétition. L’initiative a été parrainée par le député de Québec
solidaire, Amir Khadir, mais M. Brosseau a indiqué qu’il ne fallait pas
conclure à une affiliation politique. Selon M. Brosseau, M. Khadir a été le seul député à
avoir donné suite à ses demandes de parrainage, une étape nécessaire pour
recourir au site web de l’Assemblée nationale. « J’ai envoyé une demande à environ 10 députés
de
différents partis politiques de l’opposition et ç’a été le seul qui a daigné me répondre »,
a-t-il dit.